vendredi 12 décembre 2008

Les descendants des révoltés du Bounty aux urnes

Comme chaque année, au mois de décembre, les citoyens des îles Pitcairn vont se rendre aux urnes, mercredi 24, pour désigner les quatre membres élus du conseil.
Situé à 2220 km de Tahiti, ce minuscule (49 km²) archipel de quatre îles, dont une seule est habitée, est le plus petit groupement humain auto-administré... depuis la fameuse mutinerie du Bounty en 1790.
Jusqu'en 1831, Pitcairn a de facto été souveraine, avant de devenir une colonie britannique. Pour cause de surpopulation, elle a subi, au cours du XIXe siècle, de nombreux transferts de ses habitants, notamment à Tahiti et dans la possession australienne de Norfolk. Les neuf mutins anglais, qui ont débarqué en 1790 sur cet ilôt désert découvert en 1767, en compagnie de 12 Tahitiennes, six Noirs et un bébé, sont tous morts en 1800, à l'exception d'Alexander Smith (alias John Adams).
Cependant, les 48 habitants actuels, issus de neuf familles différentes, descendent tous des révoltés. Ainsi, la liste des dirigeants de l'île (http://rulers.org/rulp2.html#pitcairn_island) contient-elle nombre d'Adams et de Christian (de Fletcher Christian, 1764-1793, meneur de la mutinerie).
Fletcher Christian, leader de la communauté de 1790 à 1793, a institué le partage des terres toujours en vigeur aujourd'hui. John Adams (1767-1829), qui a laissé son nom à la capitale Adamstown, fut leader de 1800 à 1829. C'est lui qui rédigea la plupart des lois actuelles, basées sur le christianisme. Les habitants sont adventistes du septième jour depuis 1886.
A la mort d'Adams, l'île sombra dans une période d'anarchie qui déboucha sur la prise de pouvoir, en 1832, du président Joshua Hill (1773-1844), présenté sur le site officielle des îles (http://government.pn/index.html) comme un dictateur, auto-proclamé représentant de la Couronne britannique. L'érection des îles en colonie britannique, en 1838, permet la mise en place du régime des magistrats élus pour trois ans par un conseil de dix membres. Depuis la dernière révision constitutionnelle, en 2000, le pouvoir est exercé par le maire d'Adamstown et par le président du conseil.
Sur les dix membres du conseil, seuls quatre sont désignés au suffrage universel. Ils élisent le maire et le président du conseil. Ce dernier, avec les quatre élus au suffrage universel, co-opte un septième membre. Deux autres, dont le secrétaire des îles, sont nommés par le gouverneur général, poste revenant à l'ambassadeur britannique en Nouvelle-Zélande. Le dixième siège est réservé au haut-commissaire non-résidant, siégeant lui aussi en Nouvelle-Zélande, chargé de faire la liaison entre le gouverneur et le conseil.
Les élections annuelles du 24 décembre ne devraient pas bouleverser l'équilibre politique de la petite colonie. En effet, le maire actuel, Mike Warren, 44 ans, n'achève son mandat qu'au 31 décembre 2010. Cependant, la classe politique locale se remet lentement d'un énorme scandale de pédophilie, qui a conduit les autorités britanniques à démettre le maire Steve Christian en 2004.
Considérée comme la plus petite démocratie du monde, Pitcairn n'a aucun parti politique.
Dépendant politiquement du Royaume-Uni, en théorie, mais en pratique de la Nouvelle-Zélande, l'archipel l'est aussi au plan économique. Les biens de consommation sont le plus souvent parachutés ou amenés par voie maritime depuis ce pays. Les seules ressources proviennent des productions agricoles, dont un miel assez réputé, ainsi que des devises rapportées par les pièces de monnaies et les timbres, très recherchés par les collectionneurs, et par la vente des domaines Internet en .pn.
Emmanuel SAINT-BONNET

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