jeudi 19 novembre 2009

Le redécoupage Marleix dans le Finistère

Pas prévu dans la première copie du projet, le redécoupage portera finalement sur un seul canton brestois, sans suppression ni création de siège
1ere circonscription (Quimper)
Cette circonscription reste inchangée.
2e circonscription (Brest-Sud)
Comptant depuis 1986 la plus grande partie du centre-ville de Brest, ce secteur se voit enrichit du canton de Brest-Bellevue, qui a toujours voté à gauche depuis sa création en 1973 (il a été redécoupé en 1994 à partir du canton de Brest V). Il rejoint ainsi un canton solidement ancré à gauche depuis sa création en 1973 (Brest-Lambezellec), deux cantons penchant plutôt à gauche depuis 1998 (L'Hermitage et Saint-Marc), un canton très tangeant (Kerichen) et deux cantons penchant globalement à droite (Centre et Cavale), mais représentés par le PS respectivement depuis 2008 et 1998. Logiquement, la députée socialiste sortante Patricia Adam, élue en 2002 sur ce siège occupé par le PS depuis 1997, devrait en sortir renforcée. L'UMP, qui ne possède plus aucun point d'appui dans cette zone depuis 2008, pourrait présenter une nouvelle fois Jean-Yves Le Borgne.
3e circonscription (Brest-Nord)
Le départ de Brest-Bellevue vers la nouvelle 2e circonscription rend ce secteur un peu plus péri-urbain. Logiquement là-aussi, le redécoupage devrait renforcer la sortante, à savoir l'UMP Marguerite Lamour, élue en 2002. Face à trois cantons ruraux et péri-urbains de droite, dont deux, Plabennec et Ploudalmézeau, n'ont jamais élu de conseiller de gauche depuis 1958, la gauche domine légèrement les cantons brestois de Plouzané, Recouvrance et Saint-Pierre. Le PS devrait investir le maire de Brest François Cuillandre, député du secteur entre 1997 et 2002. Mais, s'il est élu, il devra choisir un mandat unique, une régle édictée depuis peu par la fédération socialiste locale, au grand dam de nombreux cumulards de la rue de Solférino.
4e circonscription (Morlaix)
Cette circonscription reste inchangée.
5e circonscription (Landerneau)
Cette circonscription reste inchangée.
6e circonscription (Châteaulin)
Cette circonscription reste inchangée.
7e circonscription (Douarnenez)
Cette circonscription reste inchangée.
8e circonscription (Concarneau)
Cette circonscription reste inchangée.
A quoi faut-il s'attendre...
Le redécoupage Marleix ne devrait pas bouleverser les équilibres locaux lors des prochaines législatives. En redécoupant Brest, Alain Marleix va, du point de vue de la majorité, au mieux conserver les rapports de force actuels, au pire retarder la progression de la gauche dans le secteur. A moins que les résultats encourageants de la droite aux dernières municipales n'aient marqué un coup d'arrêt durable à cette progression.
Emmanuel SAINT-BONNET

jeudi 8 octobre 2009

Le redécoupage Marleix dans la Creuse

Ici, le redécoupage n'en est pas un... puisque les deux circonscriptions existantes sont fusionnées. C'est l'une des particularités du redécoupage Marleix, qui rompt avec l'habitude, sous la Ve République, de garder deux députés dans les départements les moins peuplés.
Circonscription unique
Sur la carte des cantons, le rouge et l'orange dominent, et le bleu ciel surnage, dans le centre et le sud du département. Des cantons pour certains autrefois radicaux, et passé mécaniquement à droite en 1971, à la création du MRG et au refus de leur conseiller de signer le Programme commun. Ailleurs, c'est le PS qui domine largement. La disparition d'un siège devrait favoriser la gauche dans ce département ayant voté à 53,26 % pour Ségolène Royal au second tour de la présidentielle de 2007 et faisant figure aujourd'hui de pôle de résistance face à la désertification rurale. Si, aujourd'hui, l'actuelle 2e circonscription est à droite depuis 1993, celle-ci est davantage rurale que la 1ere, à gauche depuis 1997. Et donc démographiquement défavorisée dans les urnes. Le score de la droite en 2012 dépendra en grande partie du choix du candidat UMP. Le meilleur candidat reste Jean Auclair, député sortant de la 2e, bien implanté et élu au delà de son camp, mais pas à l'abri d'une certaine usure. Il devrait retrouver sur son chemin le député socialiste de la 1ere, Michel Vergnier, maire de Guéret depuis 1998.
A quoi faut-il s'attendre...
La suppression d'un siège va sans doute obliger les Etats-Majors des grands partis à investir leurs deux sortants, des valeurs sûres un peu au détriment du renouvellement des cadres.
Emmanuel SAINT-BONNET

Le redécoupage Marleix en Corrèze

Les ciseaux d'Alain Marleix ont découpé deux circonscriptions, l'une urbain et péri-urbaine autour du bassin de Brive-la-Gaillarde, l'autre regroupant Tulle et le plateau de Millevaches, éliminant au passage un siège, évolution démographique oblige
1ere circonscription (Tulle)
Elle reprend en très grande partie les cantons des anciennes 1ere et 3e circonscriptions. Seuls Beaulieu, Juillac, Lubersac, Mercoeur et Saint-Privat rejoignent la nouvelle 2e. Ce sont des cantons penchant à droite, sauf Juillac. Pour le reste, il semble que cette nouvelle découpe sonne le glas de la Haute-Chiraquie, par son absorption dans la Hollandie. S'appuyant sur un bassin urbain et péri-urbain très ancrés à gauche (deux cantons de Tulle sur quatre, Seilhac, en rouge sur la carte), le PS devrait avoir peu de mal à conquérir Millevaches qui, sur cette carte, est cerné par deux bandes de cantons penchant à gauche (en orange), sur ses marges nord et sud. La droite pourrait davantage résister dans le bassin d'Ussel, dont le canton Est n'est jamais passé à gauche depuis 1958, et surtout dans l'autre tache bleue qu'est le canton de Corrèze, détenu par une certaine... Bernadette Chirac. Cependant, la démographie et la dynamique locale reste en faveur du président socialiste du conseil général François Hollande. A droite, la choix du challenger sera lourd de sens. Il pourrait se porter sur Michel Paillassou, conseiller général UMP d'Egletons et principal rempart de la droite dans l'ancienne 3e.
2e circonscription (Brive-la-Gaillarde)
En élargissant cette circonscription au nord et au sud, Alain Marleix la ruralise et ouvre un peu le scrutin de 2012. L'adjonction de cinq nouveaux cantons, dont quatre de droite, pourrait ne pas faire l'affaire de Philippe Nauche, député socialiste depuis 2007. Sa victoire aux municipales de 2008 à Brive-la-Gaillarde ne lui sera pas inutile en 2012 pour conserver son siège. Avec trois cantons penchant à gauche sur cinq, l'agglomération peut peser de tout son poids. Philippe Nauche pourrait retrouver sur son chemin l'ancien député (2002-2007) Frédéric Soulier, à moins que l'UMP n'investisse Jean-Pierre Decaie, challenger de François Hollande mais implanté à Lubersac, canton passé dans cette nouvelle circonscription.
A quoi faut-il s'attendre...
Volontairement ou non, Alain Marleix vient de signer l'acte de décès de la Chiraquie. Il est fort probable que le PS s'adjuge en 2012 les deux nouvelles circonscriptions. Les chances les plus sérieuses de l'UMP ne se trouvent plus sur le plateau de Millevaches, mais dans le bassin de Brive.
Emmanuel SAINT-BONNET

dimanche 4 octobre 2009

Le redécoupage Marleix en Charente

Evolution démographique oblige, la Charente perd un siège dans ce redécoupage. Alors, que dans l'ancien tracé, Angoulême était divisée entre deux circonscriptions et votait avec les campagnes, Alain Marleix a choisi de découper trois sièges concentrés autour de la préfecture et des deux sous-préfectures, Cognac et Confolens.
1ere circonscription (Angoulême)
C'est la plus urbanisée des trois. Elle reprend le tracé des anciens cantons d'Angoulême I et II, redécoupés dans les années 1980 au fil des évolutions démographiques. Presque tous ces nouveaux cantons penchent plus ou moins forts à gauche, comme le montre la carte (en orange et en rouge). Seul Angoulême-Ouest penche légèrement à droite, et Angoulême-Nord, créé en 1985, reste indécis. Cependant, ces deux cantons votent socialiste, respectivement depuis 1998 et 2004. La victoire socialiste en 2012 fait ici très peu de doute. La seule question sera celle du candidat, puisqu'un député sortant devra forcément s'effacer ou, au pire, repartir en suppléant. La logique voudrait que le PS désigne Martine Pinville, députée de l'ancienne 4e élue en 2007. L'UMP, de son côté, ne peut plus guère s'appuyer que sur le maire divers droite de Soyaux François Nebout, seul élu d'importance, à droite, bien implanté dans cette nouvelle circonscription.
2e circonscription (Cognac)
Son périmètre reprend celui dans l'ancienne 2e, augmentée de l'ancienne 1ere, moins le canton de Montbron et la partie de l'agglomération d'Angoulême. Sur la carte, c'est sans doute la plus gagnable par la droite. Elle abrite le seul canton du département n'ayant jamais voté à gauche depuis 1958, Blanzac-Porcheresse (en bleu sur la carte). Encore à l'heure actuelle, seuls quatre cantons sur les treize que compte cette nouvelle circonscription sont à gauche. Cependant, ici, la géopolitique semble peser assez peu. Le redécoupage fusionne en grande partie deux circonscriptions détenues par le PS, dont l'une, la 1ere, depuis 1997. De plus, la ville-centre, Cognac, a basculé à gauche lors des municipales de 2008. Marie-Line Reynaud, députée socialiste depuis 2007 dans la 2e, part donc avec un certain avantage. A droite, les cantonales de 2004 et les municipales de 2008 ont laissé Jacques Bobé et Jérôme Mouhot au tapis. Ayant pris acte de ses difficultés à Cognac, l'UMP pourrait être tentée d'investir un élu des campagnes, à savoir François Lucas, leader de la Coordination rurale.
3e circonscription (Confolens)
C'est le siège subissant le moins de modifications. A deux cantons près, il reprend les contours de l'ancienne 3e. Mis à part le Confolentais, de tradition modéré, ce secteur, proche du Limousin, abrite encore quelques débris du communisme rural. Deux de ses cantons, Chabanais et La Rochefoucauld, sont détenus sans interruption par la gauche depuis 1958. A l'heure actuelle, mis à part les deux de Confolens, tous les cantons votent à gauche. La réélection du mitterrandiste historique Jérôme Lambert ne devrait poser que peu de problèmes. Il devrait retrouver sur sa route l'UMP, tendance radicale valoisienne, Caroline Fombaron.
A quoi faut-il s'attendre...
La victoire attendue de la gauche en 2012 cachera une défaite... En supprimant un siège, Alain Marleix réduira forcément son influence dans cette région Poitou-Charentes chère à Ségolène Royal.
Emmanuel SAINT-BONNET

dimanche 20 septembre 2009

Le redécoupage Marleix dans le Calvados

Le projet initial d'Alain Marleix ne prévoyait pas de redécoupage pour le Calvados. La copie finale prend en compte les observations de la commission consultative, qui pointait les déséquilibres démographique entre les 3e, 4e et 5e circonscriptions.
1ere circonscription (Caen I, II, III, VIII, IX)
Cette circonscription reste inchangée
2e circonscription (Caen IV, V, VI, VII, X)
Cette circonscription reste inchangée
3e circonscription (Lisieux-Falaise)
Le redécoupage apporte ici le canton conservateur de Cambremer, qui n'a jamais élu de conseiller général de gauche depuis 1958. Un ajout qui pourrait éloigner un peu plus, à gauche, la possibilité de reconquête de ce secteur, représenté par deux fois par la socialiste Yvette Roudy, maire de Lisieux de 1989 à 2001. Mais, cette fois-ci, la bataille pourrait se déplacer vers Falaise, l'autre grande ville de la circonscription, en opposant le député UMP sortant Claude Leteurtre, ancien maire, et le conseiller général PS du canton Nord Guy Bailliart. A moins que le PS n'investisse l'un de ses alliés, le maire PRG de Mézidon-Canon François Aubey, élu dans une zone où la gauche a beaucoup progressé ces dernières années.
4e circonscription (Lisieux-Trouville)
Une circonscription hautement symbolique. Recouvrant Deauville, fief de la famille giscardienne d'Ornano, ce fut la seule à ne pas céder à la vague rose de 1997, qui s'avéra particulièrement meurtrière pour la droite. En échangeant Cambremer contre Ouistreham, Alain Marleix prend ici un risque. Sur la carte, les cantons les plus peuplés sont en rouge et en orange, c'est-à-dire à gauche, face à des campagnes plus à droite (en bleu), s'appuyant sur les cantons conservateurs de Lisieux I et d'Honfleur. Le redécoupage reconstitue l'ancien bastion communiste de Dozulé, passé sous le contrôle de la droite en 1985, après la création des cantons de Cabourg et Ouistreham, jamais passés à droite depuis. Certes, la droite possède ici une bonne avance, mais le PS devrait jouer la carte du renouvellement le jeune élu de Cabourg Damien Cesselin. Députée depuis 1991, l'UMP Nicole Ameline pourrait céder en 2012 la place au maire de Deauville Philippe Auger, ou à celui de Honfleur, Michel Lamarre.
5e circonscription (Bayeux)
Cette circonscription perd un canton, celui de Ouistreham, le seul traditionnellement tourné vers la gauche dans le secteur. Ce qui devrait renforcer le sortant UMP Jean-Marc Lefranc, et éloigner le scénario d'une réédition des législatives de 1997, qui avaient vu la victoire quasiment "hors-sol", au vu de la rareté et de la faiblesse des bastions de gauche à l'époque, de la jeune socialiste Laurence Dumont face au notable indépendant, et réputé imbattable, François d'Harcourt. En 2012, la gauche pourrait présenter Nathalie Le Moal, implantée à Bayeux. Mais, en retranchant Ouistreham, Alain Marleix a voulu retarder le lent grignotage de la gauche par l'Est (Creully, Douvres-la-Délivrande) de cette circonscription.
6e circonscription (Vire)
Cette circonscription reste inchangée
A quoi faut-il s'attendre...
Alain Marleix a profité des observations de la commission de suivi pour tenter un pari qui pourrait s'avérer audacieux. En renforçant à droite les 3e et 5e circonscriptions, il prend le risque d'affaiblir le bastion UMP de la 4e, qui n'est plus à l'abri d'une surprise, dans un département où les changements sociologiques et démographiques résonnent de plus en plus dans les urnes.
Emmanuel SAINT-BONNET

mardi 1 septembre 2009

Le redécoupage Marleix dans les Bouches-du-Rhône

Comme en 1986, le département des Bouches-du-Rhône est assez fortement redécoupé, notamment la ville de Marseille. Le nombre de circonscriptions reste cependant inchangé, même si la préfecture en perd une au profit du reste du département.
1ere circonscription (Marseille XI)
Elle comprend la totalité du XIe arrondissement, et une partie des X et XIIe, ce qui la rapproche plutôt de l'ancienne 8e circonscription. Jusqu'en 2007, c'était le fief incontesté de la famille socialiste Masse, conquis par la jeune UMP Valérie Boyer. Le redécoupage écarte certains quartiers Nord les plus ancrés à gauche, ce qui pourrait conforter la députée sortante. La nouvelle délimitation comprend trois cantons traditionnellement à gauche, dont l'un, Saint-Marcel, n'a jamais élu de conseiller de droite (en rouge sur la carte) sous la Ve République.
2e circonscription (Marseille VII et VIII)
Elle regroupe le VIIIe arrondissement, qui formait l'ancienne 2e circonscription, et le VIIe, partie de l'ancienne 3e. Deux bastions de droite, qui devraient rendre ce nouveau siège très sûr pour la majorité. L'examen des cantons qu'elle abrite amène à la même conclusion. Ses trois cantons la Pointe-Rouge, Saint-Giniez, et Saint-Lambert, sont classés plutôt à droite depuis 1958 (en bleu clair sur la carte), et votent pour cette tendance respectivement depuis 1979, 1973 et 1982. Ce qui devrait assurer la réélection du député UMP de l'ancienne 2e, Dominique Tian.
3e circonscription (Marseille XIII)
Comprenant l'intégralité du XIIIe arrondissement, et une partie des XII et XIVe, elle peut s'assimilier à l'ancienne 7e circonscription. Cette dernière élit depuis 1997 la socialiste Sylvie Andrieux, connue pour bien résister aux vagues bleues. Cette nouvelle circonscription abrite trois cantons, dont deux, les Olives et la Rose, ont toujours voté à gauche depuis 1958. Le troisième, Montolivet, même s'il est classé à gauche, est moins stable politiquement, et vote à droite depuis 2004.
4e circonscription (Marseille I, II, III)
Difficile de rattacher cette nouvelle circonscription à une ancienne. Formée des trois premiers arrondissements municipaux, elle annexe aussi une partie des Ve et VIe. Ce qui la rapproche aussi bien de l'ancienne 4e que de la 3e, et en partie de la 5e qui recouvrait la totalité du Ve arrondissement. Ce qui pourrait créer une rivalité entre le socialiste Henri Jibrayel, qui a arraché en 2007 l'ancienne 4e aux communistes, et le 1er adjoint UMP à la mairie, Renaud Muselier, élu dans l'ancienne 5e depuis 1993. A moins que ne se dessine un autre scénario, favorisé par un éventuel retrait du sortant UMP de l'ancienne 3e, Jean Roatta, parallèle à une nouvelle tentative du ségoléniste de choc Patrick Mennucci, vice-président de la Région. A cet égard, le résultat des régionales de 2010 pésera peut-être sur les rapports de force dans cette circonscription en 2012. Difficile aussi de faire de la prospective à partir de la carte des cantons, puisque les quatre recouverts par cette circonscription vont du solidement ancré à droite à l'incontestablement attaché à la gauche. Cependant, depuis 2004, trois d'entre eux sont à gauche.
5e circonscription (Marseille IV)
Elle se rapproche beaucoup de l'ancienne 1ere, basée sur le IVe arrondissement, même si son découpage est un peu différent, comprenant des morceaux de Ve et VIe arrondissement, alors que l'ancien siège représentait aussi des parties des Ier et XIIe. Une zone considérée comme la clé de la victoire aux municipales. Elle est solidement tenue depuis 1988 par l'UMP Roland Blum. Une longévité que la gauche aimerait transformer en usure du pouvoir, avec peut-être une candidature de la conseillère générale PS Marie-Arlette Carlotti. Cette nouvelle circonscription recouvre deux cantons, Camas et la Blancarde, classés globalement à gauche mais relativement peu stables.
6e circonscription (Marseille IX)
Une circonscription peu modifiée, puisqu'elle reprend le tracé du IXe arrondissement, sa périphérie étant quelque peu remodelée. Après une tentative d'enracinement local de Bernard Tapie en 1989, elle reste solidement tenue par la droite. Son tracé passe par les principales places fortes UMP, au Sud de la ville. Notamment deux cantons votant à droite depuis 1958, Sainte-Marguerite et Mazargues. Seul le troisième, la Capelette, s'avère plus favorable à la gauche. Mais, même en cas du retrait du sortant UMP Guy Teissier, la gauche a peu de chances de prendre ce siège.
7e circonscription (Marseille XV, XVI)
Encore une circonscription complètement éclatée sur plusieurs tracés antérieurs. Incorporant les XV et XVIe arrondissement, ainsi qu'une partie du XIVe, elle reprend des quartiers des anciennes 4e et 7e. Cependant, sa géopolitique s'avère relativement limpide, puisqu'il s'agit de deux fiefs de gauche avec de nombreux quartiers Nord. Sur les sept cantons, seul un penche relativement à droite, Cinq-Avenues, cependant représenté par le PS depuis 1998. Tous les autres n'ont jamais voté à droite depuis 1958. Ce nouveau siège pourrait servir de point de chute à une pointure socialiste, comme Patrick Mennucci ou Jean-Noël Guérini.
8e circonscription (Salon-de-Provence)
Une nouvelle circonscription qui reprend la partie ouest de l'ancienne 11e (cantons de Salon et Pélissanne), et le Nord de l'ancienne 12e (Berre-l'Etang). Ces deux sièges sont à droite, respectivement depuis 1988 et 2002. Mais, au plan strictement géopolitique, le secteur penche globalement à gauche. Le canton de Pélissanne revient au PS depuis sa création en 1992, et ceux de Berre et Salon ont été le plus souvent représentés par la gauche depuis 1958. Comme bien souvent dans les Bouches-du-Rhône, les élections de 2012 se joueront ici au moins autant sur les personnalités que sur les équilibres électoraux. La géographie voudrait en effet que le député UMP sortant de la 11e, Christian Kert, se présente. Fort d'un bon enracinement dans la ville de Salon, où s'affrontent régulièrement la gauche et le centre-droit, il garde de bonnes chances de victoire. Face à lui, la gauche compte sur une certaine usure (il est élu depuis 1988). Plusieurs candidats socialistes peuvent se déclarer: Michel Tonon, maire de Salon depuis 2002 qui est parvenu à conserver la ville en 2008, Jean-Pierre Maggi, conseiller général de Pélissanne, ou Serge Andréoni, maire de Berre-l'Etang.
9e circonscription (Aubagne, La Ciotat)
Cette circonscription reste inchangée.
10e circonscription (Gardanne)
Les contours de la 10e circonscription sont peu modifiés. Seul le canton des Pennes-Mirabeau est écarté, ce qui atténue le penchant à gauche de l'ancienne circonscription de Bernard Tapie, représentée depuis 2002 par l'UMP Richard Mallié. La géopolitique des trois cantons restants, même s'ils penchent à gauche, surtout Roquevaire qui n'est jamais passé à droite depuis 1958, devrait assez peu peser, puisque ce secteur, autrefois minier et très populaire, est en pleine expansion démographique. Les mutations sociologiques en cours devrait donc plutôt profiter à Richard Mallié, au détriment du maire communiste de Gardanne Roger Mei, député entre 1999 et 2002. Le PS, de son côté, pourrait investir le maire d'Allauch Roland Povinelli.
11e circonscription (Aix-Ouest)
La 11e circonscription échange sa partie ouest, formée des cantons de Salon et de Pélissanne, contre le canton des Pennes-Mirabeau, tout aussi à gauche mais moins peuplé que cet ensemble. Les ciseaux d'Alain Marleix ont quelque peu rééquilibré le tout à droite en ajoutant quelques quartiers compris dans le canton d'Aix - Nord-Est. Le seul problème pour l'UMP sera de désigner un candidat, puisque Christian Kert et Maryse Joissans devraient se présenter dans les circonscriptions voisines. Le PS, lui, devrait mettre en avant le maire des Pennes Michel Amiel.
12e circonscription (Marignane)
Cette circonscription, qui a fait trembler les Etats-Majors politiques locaux à la fin du siècle dernier, est amputée du canton de Berre-l'Etang. Un handicap pour une gauche qui a perdu ce siège en 2002, après le reflux d'une extrême-droite autrefois florissante. Même si tous les cantons, à l'exception de celui de Marignane, penchent tous à gauche, la droite a récupéré une bonne partie des suffrages frontistes et mégrétistes. Débarrassé d'un éventuel rival, en la personne du maire divers gauche de Berre Serge Andréoni, le député-maire UMP de Sausset-les-Pins Eric Diard devrait retrouver son siège sans problème. Face à lui, le conseiller général PS de Châteauneuf-Côte-Bleue Vincent Burroni, député entre 1998 et 2002, sera moins favorisé par ce nouveau découpage.
13e circonscription (Martigues)
Alain Marleix aura sans doute permis au PCF de sauver son dernier siège dans les Bouches-du-Rhône. Géographiquement, cela se traduit par un décalage vers le Sud de cette circonscription, qui abandonne le canton d'Istre-Nord au profit de Port-Saint-Louis-du-Rhône. De quoi incontestablement renforcer le député communiste sortant Michel Vaxes, bien implanté dans le secteur de Fos-sur-Mer, qui avait battu en 1997 un sortant UDF ancré lui à Istres. Même si Port-Saint-Louis est moins peuplé qu'Istres-Nord, ce canton reste bien plus stable politiquement, avec des conseillers communistes depuis 1967, sauf pendant un interrègne divers droite entre 1992 et 2004. En attendant l'éventuelle émergence d'une personnalité de droite dans cette circonscription, le PS pourrait investir René Raimondi, maire de Fos.
14e circonscription (Aix-Est)
L'amputation de quelques quartiers d'Aix, au profit de la nouvelle 11e, ne devrait pas remettre en question les équilibres locaux. Ils reposent sur deux cantons aixois penchant plutôt à droite, le canton de Trets, ancien fief indépendant élisant des socialistes depuis 1973, et le canton de Peyrolles-en-Provence, représenté en son temps par Louis Philibert, ancien président socialiste du conseil général. La démographie est donc clairement défavorable à la gauche, qui n'a jamais pu faire élire ici de député depuis 1988. Cependant, l'évolution politique à Aix d'ici à 2012 sera intéressante à suivre. Si la députée-maire UMP Maryse Joissans devrait certainement se représenter, elle devrait retrouver sur sa route son opposant municipal Alexandre Medvedowsky (PS), qui a obtenu un score honorable lors de la municipale partielle de 2009.
15e circonscription (Châteaurenard)
Le tracé de cette circonscription est très légèrement modifié, avec le départ des trois communes du canton de Pélissanne (Aurons, la Barben et le chef-lieu). C'est la seule, hors Marseille, à ne compter aucun canton solidement ancré à gauche. Elle est détenue depuis 2007 par Bernard Reynès, maire UMP de la plus grande ville Châteaurenard, qui a succédé au gaulliste Léon Vachet. La droite devrait donc garder ce secteur sans problème, le PS pouvant investir le maire de Saint-Rémy-de-Provence Hervé Chérubini, ou laisser l'un de ses alliés monter au front.
16e circonscription (Arles)
Détenue depuis 2007 par le président PS du conseil régional Michel Vauzelle, cette circonscription a tendance a zapper au gré des vagues roses ou bleues. Les départs de la ville de Miramas, gros réservoir de voix socialistes, et du canton communiste de Port-Saint-Louis-du-Rhône, et l'arrivée du canton d'Istres-Nord, considéré comme moins stable pour la gauche, pourrait permettre à la droite de faire la différence. Les résultats des régionales de 2010 sont très attendus par les Etats-Majors locaux, alors que Michel Vauzelle a annoncé qu'il ne se représenterait pas. Le PS devra se chercher un nouveau champion, alors que l'UMP pourrait soit investir le maire des Saintes-Maries-de-la-Mer Roland Chassain, député de 2002 à 2007, soit envoyer le nouveau maire de Tarascon Charles Fabre. Une situation qui pourrait permettre au maire communiste d'Arles, Hervé Schiavetti, de tirer son épingle du jeu dans ce secteur représenté par le PCF entre 1973 et 1986. Sans compter le maire divers gauche d'Istres, François Bernardini, qui pourrait être tenté de brouiller les cartes. Bref, l'élection de 2012 pourrait s'avérer ici très ouverte.
A quoi faut-il s'attendre...
Avec depuis 2007 12 sièges sur 16, l'UMP et son allié Nouveau Centre dominent largement le département. Ce redécoupage s'est effectué dans une certaine concertation, la gauche n'a pas protesté et même considéré qu'elle n'avait pas été "volée". Il semble qu'Alain Marleix ait agi ici avec une certaine prudence, le redécoupage cantonal d'avant les élections de 2004 ayant été assez peu profitable à la droite. Mécaniquement, la droite devrait perdre un siège à Marseille, le PS maintenant ses deux circonscriptions sur sept, contre huit actuellement. L'UMP pourrait rattraper cette perte dans la circonscription d'Arles.
Emmanuel SAINT-BONNET

lundi 17 août 2009

Le redécoupage Marleix dans l'Aube

Durant tout l'été, les Artisans-Politologues publient une série de posts sur le redécoupage électoral, département par département
Inchangé depuis 1958, le découpage électoral de l'Aube sera légèrement retouché, suivant les prescriptions de la commission consultative, qui a pointé un déséquilibre démographique entre les 1ere et 3e circonscriptions. Une remarque qui avait déjà été émise en 1986!
1ere circonscription (Troyes-Est)
Cette circonscription gagne un canton, celui de Méry-sur-Seine. Ce transfert ne devrait pas remettre en question les équilibres géopolitiques locaux. Détenu depuis 1982 par le président divers droite (Mouvement libéral et modéré) du conseil général Philippe Adnot, il rejoint ainsi une zone solidement ancrée à droite depuis 1978. Dans cette circonscription, seuls deux cantons penchent plutôt à gauche: Troyes I, représenté par le PS depuis 2001, et Brienne-le-Château, qui zappe régulièrement de droite à gauche avec un léger avantage pour cette dernière. Député depuis 2007, son actuel conseiller général UMP, Nicolas Dhuicq, devrait retrouver son siège sans problème.
2e circonscription (Troyes-Sud)
Cette circonscription reste inchangée.
3e circonscription (Troyes-Ouest)
Le départ du canton de Méry-sur-Seine augmente très légèrement les chances de la gauche de reprendre ce siège perdu en 1993. Cette circonscription perd un pilier de droite avec son conseiller général Philippe Adnot qui, s'il siège au Sénat, jouit d'une grande influence sur la partie rurale de la circonscription. Au strict plan géopolitique, la droite, même si elle se trouve légèrement amoindrie, reste dominante. Elle contrôle sans interruption depuis le début de la Ve République les cantons de Marcilly-le-Hayer et Romilly-sur-Seine I. Ceux de Nogent-sur-Seine, Sainte-Savine, Troyes III et Villenauxe-la-Grande, penchent globalement vers elle. La gauche peut s'appuyer sur le canton II de Romilly, représenté par le PCF depuis sa création. Elle domine globalement celui de Troyes IV. Créé en 1985, celui de La Chapelle-Saint-Luc a d'abord été détenu par l'UDF, avant de passer au PCF en 1998. Il reste donc encore à la gauche du terrain à conquérir avant de pouvoir prétendre à ce siège. D'autant plus que Romilly-sur-Seine, la plus grande ville sur laquelle elle s'appuyait, a basculé à droite en 2008. Et que le sortant, qui n'est autre que le maire UMP de Troyes François Baroin, chiraquien sarko-compatible, n'aura que 47 ans en 2012, quand bien même il voudrait prétendre à un cinquième mandat.
A quoi faut-il s'attendre...
Le redécoupage reste très léger et ne devrait très probablement pas remettre en cause la domination de la droite sur l'Aube. Seule une vague rose d'ampleur, couplée à une hypothétique dégradation de l'image de François Baroin, pourrait faire basculer la 3e circonscription.
Emmanuel SAINT-BONNET

samedi 15 août 2009

Le redécoupage Marleix dans les Hautes-Alpes

Durant tout l'été, les Artisans-Politologues publient une série de posts sur le projet de redécoupage électoral, département par département
Le redécoupage des Hautes-Alpes suit les recommandations de la commission consultative, qui avait pointé un déséquilibre démographique entre les deux circonscriptions.
1ere circonscription (Gap)
Elle n'est modifiée qu'à la marge, avec le départ du canton de Chorges vers la 2e. Un redécoupage qui devrait affaiblir la gauche. Pas tant du poids démographique de Chorges, classé comme canton penchant à gauche depuis 1958 (en orange sur la carte), que de son rôle de point de chute pour Karine Berger, candidate socialiste qui est parvenue à inquiéter la sortante UMP Henriette Martinez en 2007. Le PS devra se trouver un autre prétendant, tandis que la droite devrait se diviser, le conseiller général UMP de Tallard Jean-Michel Arnaud, candidat MODEM en 2007, n'ayant jamais caché ses ambitions.
2e circonscription (Briançon)
Si Karine Berger se présente dans ce secteur, elle trouvera sur sa route, à gauche, le député radical sortant Joël Giraud. A droite, après le retrait en 2009 d'Alain Bayrou de la mairie de Briançon, la maire Nouveau Centre d'Embrun Chantal Eyméoud semble bien placée pour emporter l'investiture. L'apport du canton de Chorges rééquilibre un peu plus à gauche cette circonscription penchant plutôt à droite, même si elle a échappé à cette dernière en 2002.
A quoi faut-il s'attendre...
Le redécoupage restant quoi qu'il en soit marginal, les deux circonscriptions ne devrait pas voir leur évolution politique bouleversée en 2012. Au contraire, les tendances actuelles semblent légèrement renforcées. A cet égard, la carte ci-dessus ne signifie pas grand chose, puisqu'il s'agit davantage de personnalités politiques que de géopolitique.
Emmanuel SAINT-BONNET

lundi 10 août 2009

Le redécoupage Marleix dans l'Aude

Durant tout l'été, les artisans-politologues publient une série de posts sur le projet de redécoupage électoral, département par département
L'Aude garde ses trois sièges, mais le rééquilibrage démographique fait glisser les limites de ses circonscriptions vers l'Est. Un redécoupage validé par la commission consultative, à l'exception du très symbolique canton de Ginestas.
1ere circonscription (Carcassonne-Ouest)
On pourrait aussi appeler cette circonscription Carcassonne-Corbières. Elle reprend tous les cantons de la préfecture, sauf le II Sud, ceux du Nord de l'ancienne 1ere, sauf Mas-Cabardès, ainsi que Durban, Lézignan et Ginestas, précédemment dans la 2e. Ce nouveau découpage ne devrait pas pénaliser une gauche largement dominante, même s'il ne garde que la partie la plus conservatrice de Carcassonne, avec le canton III, le seul encore détenu par l'UMP. Cependant, il reste classé relativement à gauche depuis 1958 (en orange sur la carte). Et sur les neuf cantons de cette nouvelle circonscription, six n'ont jamais élu de conseiller de droite depuis 1958 (en rouge sur la carte). La commission consultative recommande cependant de transférer l'un d'eux, Ginestas, dans la 2e. Mais, même dans cette hypothèse, la réélection du socialiste Jean-Claude Perez semble acquise.
2e circonscription (Narbonne)
La démographie a concentré cette nouvelle circonscription autour de Narbonne, l'agglomération la plus importante du département. C'est la seule où le jeu semble un peu plus ouvert. L'équilibre demeure cependant précaire. Sur les cinq cantons, deux sont classés relativement à droite depuis 1958, Narbonne-Est et Sud (en bleu ciel sur la carte), un relativement à gauche, Sigean, qui vote à droite depuis 2001, et deux ont toujours voté à gauche, Coursan et Narbonne-Ouest. La dynamique demeure cependant en faveur du député PS Jacques Bascou, qui a enlevé la mairie de Narbonne à la droite en 2008. Cette dernière manque pour l'instant d'un candidat assez solide. En bon connaisseur de la carte électorale, Alain Marleix a du toutefois parier sur une "varisation" du littoral audois, payante électoralement pour la droite, à plus long terme. A noter que si Ginestas rejoint cette circonscription, comme le préconise la commission consultative, cela pèsera davantage en faveur de la gauche, qui trouverait alors le renfort, entre les deux tours, de la "vedette" locale Gérard Schivardi.
3e circonscription (Carcassonne-Ouest, Castelnaudary, Limoux)
Représentant déjà l'arrière-pays et les Pyrénées audoises, ainsi que les petites villes Castelnaudary et Limoux, cette circonscription gagne du terrain, jusque dans la partie Ouest de l'agglomération de Carcassonne. Comme dans la plupart des départements du Sud-Ouest, la gauche tient solidement les campagnes audoises. Dans ce secteur, seul le petit canton de Belpech, à la limite du Lauragais, vote à droite depuis 1961. Douze des vingt autres cantons n'ont jamais élu de conseiller de droite depuis 1958. La route semble donc dégagée pour le sortant socialiste Jean-Paul Dupré.
A quoi faut-il s'attendre...
Pas de surprise en perspective, la gauche devrait garder la haute main sur l'Aude. La droite ne conserve qu'une petite chance dans la 2e qui semble, au vu de son évolution sociologique, disposée à basculer à plus long terme.
Emmanuel SAINT-BONNET

Le redécoupage Marleix dans les Alpes-Maritimes

Durant tout l'été, les Artisans-Politologues publient une série de posts sur le projet de redécoupage électoral, département par département
Si les Alpes-Maritimes ne gagnent ni ne perdent aucune circonscription lors de ce redécoupage, les neuf existantes sont fortement remodelées, à quelques exceptions près. Il s'agit, ici, de rééquilibrer la démographie, en supprimant un siège dans l'agglomération niçoise, au profit de la région de Grasse. Une opération délicate et insatisfaisante à en croire la commission consultative.
1ere circonscription (Nice-Sud)
Dans le fief d'Eric Ciotti, président (UMP) du conseil général, aux cantons de Nice I, II, III et XII viennent s'ajouter les IV et VIII. Une opération qui, électoralement, ne pourra que renforcer le sortant, dans cette circonscription abritant les seuls cantons tendant plutôt à gauche de la préfecture, les III et XII (en orange sur la carte). Et ce avec l'arrivée des cantons IV et VIII, qui ont toujours voté à droite depuis 1958. Pour sa part, la commission préconise le transfert de Nice VIII vers la nouvelle 5e, ce qui ne devrait de toutes façons pas modifier les équilibres existants.
2e circonscription (Grasse-Nord)
Les commentateurs ne se priveront sans doute pas de relever les coups de ciseaux d'Alain Marleix. La nouvelle 2e se trouve à cheval sur les anciennes 5e, 6e et 9e. Comprenant beaucoup de cantons ruraux attachés à la droite, elle recouvre aussi bien le nord de l'agglomération de Grasse que Carros, le seul canton du département n'ayant jamais voté à droite depuis 1958 (en rouge sur la carte). Une configuration qui enlève toute perspective de victoire à la gauche, qui avait pu enlever la 9e circonscription en 1997. La compétition pourrait tourner à l'avantage du maire UMP de Grasse, l'ex-villiériste Jean-Pierre Leleux.
3e circonscription (Nice-Centre)
Aux cantons de Nice IV, V, VI, VII de l'ancienne 2e circonscription viennent s'ajouter les XI et XIII. Politiquement, c'est un peu le marais niçois, avec des cantons tendant plutôt à droite mais ayant chacun élu au moins une fois un conseiller de gauche depuis 1958. Un secteur qui devrait être disputé entre le sortant de la 3e, l'UMP modéré Rudy Salles, et la sortante de la 2e, l'UMP Muriel Marland. Elue depuis 2002, elle peut faire valoir sa jeunesse, face à un collègue implanté depuis 1988 mais au positionnement peut-être plus adapté à l'électorat mouvant de cette circonscription recouvrant deux cantons, le V et le VII, représentés par le PS respectivement depuis 1998 et 2004.
4e circonscription (Menton)
Très orientée à droite, avec comme député le maire UMP de Menton Jean-Claude Guibal, elle n'est modifiée qu'à la marge avec l'adjonction du canton de gauche de Contes, qui ne devrait cependant aucunement modifier les rapports de forces existants.
5e circonscription (Nice-Nord)
Alain Marleix a taillé ici un nouveau fief au très sarkozyste ministre de l'Industrie et maire de Nice, Christian Estrosi, élu de la 5e depuis 1988, mise à part une escapade dans la 2e entre 1993 et 1997. Un bastion renforcé pour l'ancien président du conseil général, connu pour son dynamisme mais ayant la fâcheuse réputation de se chercher un nouveau point de chute en cas de situation indécise. Le redécoupage écarte le seul canton vraiment "dangereux", Contes, et recentre la circonscription sur le nord de Nice et la vallée de la Vésubie, conscienscieusement bétonnée (au plan électoral) par l'ancien député RPR Gaston Franco, entré depuis au cabinet de Christian Estrosi. A moins que le maire ne préfère se présenter dans la nouvelle 1ere et laisser ce nouveau siège à Eric Ciotti, élu en 2009 conseiller général de Saint-Martin-Vésubie après sa défaite en 2008 face au PS à Nice I. A noter que la commission consultative préconise ici l'ajout du canton conservateur Nice VIII, et le départ du XIV, ce qui placerait cette circonscription encore plus à droite sur l'échiquier.
6e circonscription (Cagnes-sur-Mer)
Amputée de son arrière-pays, la 6e circonscription s'urbanise et se droitise. Dorénavant, elle ne comprendra plus que les trois cantons de Cagnes-sur-Mer, qui ne sont jamais passés à gauche depuis 1958 (en bleu sur la carte). En 2012, l'horizon semble dégagé pour l'anticonformiste député UMP Lionnel Luca. La commission consultative recommande l'adjonction du canton de Nice XIV, au PS depuis 1998, et détenu précédemment par le FN.
7e circonscription (Antibes)
Cette circonscription reste inchangée.
8e circonscription (Cannes)
Cette circonscription reste inchangée.
9e circonscription (Grasse-Sud)
La seule nouvelle circonscription où le jeu politique pourrait s'ouvrir. L'ancienne 9e s'urbanise en perdant les cantons de Saint-Vallier et Saint-Aubin, et se concentre sur les seuls cantons de Grasse-Sud, Mougins et Le Cannet. Si ce dernier est solidement ancré à droite, les deux autres s'avèrent bien plus tangents. Créé en 1985, Grasse-Sud vote pour les Verts depuis 1998. Existant depuis 1982, celui de Mougins, davantage conservateur, a cependant élu un écologiste sans étiquette en 2008. L'empreinte d'André Aschieri, maire écologiste de Mouans-Sartoux, député de 1997 à 2002, est ici bien présente. En 2012, il pourrait être tenté de reprendre son duel de 2002 face à la maire libérale du Cannet Michèle Tabarot. Elle l'avait emporté d'une très courte tête (50,52 %). En 2007, elle avait été réélue dès le premier tour dans la foulée de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Ce qui tend à prouver que cette circonscription est peut-être la plus sensible du département aux rapports de forces nationaux.
A quoi faut-il s'attendre...
A moins d'un tsunami rose en 2012, les Alpes-Maritimes resteront dans tous les cas majoritairement à droite. Il faudra cependant surveiller de près la 9e, où la gauche pourrait gagner à la loyale. Elle pourrait également tirer son épingle du jeu en cas de primaire à droite dans la 3e.
Emmanuel SAINT-BONNET

dimanche 26 juillet 2009

Le redécoupage Marleix dans l'Allier

Durant tout l'été, les Artisans-Politologues publient une série de posts sur le projet de redécoupage électoral, département par département
Pour des raisons démographiques, l'Allier, qui comptait quatre circonscriptions depuis 1958, en perd une lors de ce redécoupage. L'opposition conteste fortement ces coups de ciseaux d'Alain Marleix, auxquels la commission consultative ne trouve rien à redire, et qui va consister en un recentrage géographique autour des trois grandes villes du département.
1ere circonscription (Moulins)
L'ancienne 1ere circonscription englobait la préfecture Moulins et le Nord-Est du département. La nouvelle devrait en reprendre la majorité des cantons, ainsi qu'une grande partie de ceux de l'ancienne 3e circonscription, qui était la plus rurale des quatre. Les anciennes 1ere et 3e avaient la particularité d'être repassées à droite en 2002, avant de basculer à nouveau à gauche lors des législatives de 2007.
Sur la carte ci-dessus, la droite part avec un avantage. Sur les 13 cantons de cette nouvelle circonscription, huit penchent vers elles (en bleu clair), dont les deux de Moulins, celui d'Yzeure restant plutôt attaché à la gauche (en orange). De plus, tous les cantons écartés penchent au minimum à gauche.
Cependant, ce genre de carte, qui s'appuit sur les résultats des cantonales entre 1958 et 2008, doit être lu avec moult précautions concernant un département qui zappe régulièrement entre communistes et modérés depuis 1979.
Ainsi, si le canton de Chevagnes est indiqué favorable à la droite, c'est celui qui a fait basculer le conseil général à quelques semaines des cantonales de 2008, en élisant un conseiller communiste. Même chose pour celui de Souvigny, fief de droite depuis 1967 mais représenté par le PCF depuis 1998.
De plus, le secteur est réputé pour élire des députés avec une majorité étriquée au second tour. Dans la 1ere, Pierre-André Périssol (RPR puis UMP) a obtenu 50,73 et 50,12 % des suffrages exprimés en 1993 et 2002. Dans la 3e, le divers droite Yves Simon a rassemblé 50,72 % en 2002, et le socialiste Jean Mallot 50,80 en 2007.
L'élection de 2012 se jouera vraisemblablement sur des questions de personnalité. Le PS choisira-t-il son étoile montante Jean Mallot ou jouera-t-il la sécurité avec Guy Chambefort, plus ancien mais réputé imbattable? L'UMP investira-t-elle Yves Simon, un homme relativement neuf mais fragilisé, ou fera-t-elle confiance au maire de Moulins Pierre-André Périssol pour un troisième retour espéré comme gagnant?
A l'heure où nous écrivons ces lignes, toutes les hypothèse peuvent être envisagées, de l'émergence de nouvelles candidatures à une foire d'empoigne qui laissera des traces. Les rapports de force qui surgiront des urnes lors des régionales de 2010 et des cantonales de 2011 seront sans doute déterminants.
2e circonscription (Montluçon)
En lui accolant les quatre cantons de l'Ouest de l'ancienne 3e circonscription, Alain Marleix a sans doute voulu rééquilibrer à droite la 2e, qui n'élit que des députés de gauche depuis 1997. Le bassin de Montluçon, gros réservoir de votes communistes, sera ainsi contrebalancé par un électorat rural, dont celui du canton de Cérilly. S'il est classé relativement à gauche, c'est tout de même le fief incontesté de l'UMP Gérard Dériot, président du conseil général de 1992 à 1998, puis de 2001 à 2008. Un apport qui pourrait faire l'affaire de Daniel Dugléry, maire UMP de Montluçon depuis 2001, qui n'a encore jamais réussi à se faire élire dans cette circonscription.
A gauche, tout dépendra des rapports de force entre le PS et le PCF. Si ce dernier a repris le conseil général en 2008, il s'est fait souffler, un an auparavant, cette circonscription par le socialiste Daniel Lesterlin.
Sur le papier, la gauche part avec un avantage évident. Le secteur compte huit cantons traditionnellement de gauche contre trois de droite. Cependant cette dernière a beaucoup progressé depuis 2001, année où elle a privé le PCF et le PS d'importants points d'appui, municipal à Montluçon et cantonal à Commentry.
3e circonscription (Vichy)
L'ancienne 4e circonscription gagne ici trois cantons, tous de tradition de gauche, dont Jaligny-sur-Besbre, qui n'a élu que des socialistes depuis 1958 (en rouge sur la carte). Ce qui pourrait déséquilibrer définitivement ce secteur plutôt modéré, qui envoie depuis 1997 à l'Assemblée le radical de gauche Gérard Charasse.
Car si l'ancienne 4e vote à droite lors des consultations nationales (56,01 % pour Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 1995, 55,25 % pour Nicolas Sarkozy en 2007), elle choisit la gauche lors des législatives. Claude Malhuret, le brillant maire UDF puis UMP de Vichy, n'a jamais pu s'imposer hors de sa ville, dans ces campagnes où les communistes sont moins puissants qu'ailleurs dans le département. La tradition radicale demeure vivace dans certains cantons: Le Donjon de 1982 à 2008, Lapalisse depuis 2001, Cusset-Sud depuis 1998.
Face à Gérard Charasse, l'UMP pourrait être tentée de provoquer un duel entre radicaux, en investissant le très médiatique avocat valoisien Gilbert Collard, candidat aux municipales depuis 2001 contre... Claude Malhuret. Ce qui, inévitablement, laissera des traces...
A quoi faut-il s'attendre...
La seule certitude... c'est qu'il n'y en a aucune... La géopolitique de l'Allier se trouvant en pleins bouleversements (deux changements de majorité au conseil général en dix ans, des législatives de 2007 à rebours du contexte national), le redécoupage Marleix pourrait accentuer ceux-ci comme il pourrait stabiliser les fronts. S'il est trop tôt pour faire des pronostics le Big Bang attendu dans la 1ere circonscription, la gauche part globalement avec un léger avantage dans la 2e et semble plus sûre dans la 3e.

Emmanuel SAINT-BONNET

samedi 18 juillet 2009

Le redécoupage Marleix dans l'Ain

Durant tout l'été, les Artisans-Politologues publient une série de posts sur le projet de redécoupage électoral, département par département
Le redécoupage de l'Ain était notamment motivé par l'augmentation de la population dans le sud-ouest du département, sous la pression de l'agglomération lyonnaise. Les ciseaux d'Alain Marleix ont créé un cinquième siège, la future 2e circonscription, qui s'étendra de Lagnieu à Trévoux, et modifiera quelque peu le découpage législatif.
1ere circonscription (Bourg-en-Bresse)
La modification va s'effectuer à la marge, l'actuelle 1ere circonscription perdant Péronnas, dans la zone péri-urbaine de la préfecture Bourg-en-Bresse, mais récupérant Pont-de-Vaux, un canton davantage soumis à l'influence électorale de la Bourgogne et du Beaujolais.
Ces deux cantons sont actuellement à droite, et penchent plutôt en faveur de cette mouvance depuis 1958 (en bleu clair sur la carte).
La gauche, qui a détenu cette circonscription entre 1997 et 2002, ne devrait pas a priori perdre ses chances de reconquête. Lors des législatives de 2007, le candidat UMP Xavier Breton l'avait emporté au second tour avec 53,66 % sur le socialiste Jean-François Débat. Depuis, ce dernier est devenu maire de Bourg-en-Bresse, et cette circonscription élit chaque fois, depuis 1988, le maire de la préfecture lorsqu'il se présente, mais la perte de Péronnas pourrait priver la gauche d'une partie de son électorat péri-urbain.
2e circonscription (Trévoux)
Elle sera formée des cantons du sud des actuelles 2e et 4e circonscriptions. L'objectif semble ici clairement de contrebalancer l'influence de la gauche, de plus en plus forte dans les cantons où déborde l'agglomération lyonnaise, avec ceux de l'amont de la vallée du Rhône, bien plus conservateurs.
Ainsi, depuis 1958, Lagnieu et Meximieux n'ont-il jamais élu de conseiller de gauche (en bleu foncé sur la carte). Jusqu'à présent, ces deux cantons verrouillaient le sud de la 2e circonscription au profit de la droite.
En aval de la vallée du Rhône, la situation politique s'avère moins claire. Si Montluel penche à gauche, c'est le cas aussi de Reyrieux, mais ce dernier canton est à droite depuis 2001. Trévoux, représenté par la gauche depuis 1998, est cependant légèrement dominé par la droite sur la période 1958-2008. Quant à Miribel, s'il a voté à droite depuis sa création en 1982, il envoie depuis 1998 un conseiller de gauche dans l'hémicycle départemental.
Bref, si la majorité actuelle semble avoir fait le maximum pour s'assurer le contrôle de cette circonscription, il n'est pas certain qu'elle réussisse. Ses chances reposent sur Charles de la Verpillière, député sortant de la 2e. Les prochaines législatives pourraient voir s'opposer cet élu de Lagnieu, ancien président du conseil général, au maire divers gauche de Miribel Jacques Berthou, élu sénateur en 2008.
3e circonscription (Ferney-Voltaire)
L'ancienne circonscription de Charles Millon a longtemps été un secteur solide pour la droite. L'ancien président (UDF) du conseil régional, élu depuis 1978, l'a emporté dès le premier tour en 1988 et 1993. Si la vague rose de 1997 a provoqué un ballottage, ceux de 2002 et 2007 étaient moins attendus.
Le dernier doit cependant être relativisé, Etienne Blanc, successeur UMP de Charles Millon, ayant obtenu 49,99 % des bulletins exprimés au premier tour.
Alain Marleix a donc décider d'écarter les cantons de Brénod, Champagne, Hauteville, Lhuis, et Saint-Rambert, réputés moins stables, et surtout le frondeur Virieu-le-Grand, le seul du département à n'avoir jamais élu de conseiller de droite depuis 1958 (en rouge sur la carte).
La nouvelle circonscription sera donc formée d'un étroit couloir allant de Belley, ancien fief de Charles Millon, à Gex, où la sociologie est largement favorable à la droite, en passant par la ville de droite (depuis 2001) Bellegarde-sur-Valserine.
4e circonscription (Péronnas)
La nouvelle 4e circonscription sera découpée sur l'ancienne, un secteur modéré et conservateur qui élit depuis 1988 l'UMP (ex-UDF) Michel Voisin.
A première vue, le départ de Miribel, Trévoux et Reyrieux devrait couper la gauche locale de gros réservoirs de vote. L'adjonction de Péronnas devrait atténuer l'aspect rural de cette circonscription.
Toutefois, à l'examen de la carte, on s'aperçoit que droite et gauche sont presque à égalité, puisque quatre cantons sur huit tendent plutôt à gauche depuis 1958 (en orange sur la carte). La dynamique est d'ailleurs davantage en faveur de la gauche depuis les cantonales de 1998. Cependant, parmi les quatre cantons de droite, celui de Pont-de-Veyle n'a jamais élu de conseiller de gauche depuis 1958.
Comme dans la 2e circonscription, les équilibres futurs reposeront sans doute sur les personnalités locales en lice, alors que Michel Voisin est à présent le député le plus ancien, en nombre de mandats, du département.
5e circonscription (Oyonnax)
Elle devrait être bâtie à cheval sur les anciennes 2e et 3e circonscription, et en reprendre les cantons écartés.
A priori elle penchera fortement à droite car elle recouvrirait le bassin d'Oyonnax, l'un des plus peuplés du département, dont les deux cantons ne sont jamais passés à gauche depuis 1958. Sur les douze cantons de cette nouvelle circonscription, seuls quatre penchent vraiment à gauche. Cependant, cette dernière a bien progressé dans le sud de cette zone depuis 2001.
Les législatives de 2012 pourraient voir s'affronter deux femmes, Josyane Esposito, nouvelle maire socialiste d'Ambérieu-en-Bugey, et Sylvie Goy-Chavent, candidate malheureuse de l'UMP aux sénatoriales de 2008 et élue dans le canton de Poncin. Avec en embuscade le maire divers droite d'Oyonnax Michel Perraud et le FN, toujours assez présent dans le secteur.
A quoi faut-il s'attendre...
Sauf raz-de-marée de gauche aux législatives de 2012, ou triangulaire fratricide dans la 5e, la droite devrait conserver la majorité des sièges, quand bien même elle l'a perdue au conseil général et au conseil municipal de Bourg-en-Bresse en 2008. L'opposition semble relativement bien placée pour gagner les 1ere et 2e ou 4e circonscriptions, si l'usure du pouvoir atteint Michel Voisin, ou si la droite rate sa succession.
Emmanuel SAINT-BONNET

mardi 7 juillet 2009

Réflexe légitimiste à Hénin-Beaumont

Avec 528 voix d’avance, le candidat divers gauche Daniel Duquenne a remporté le second tour de la municipale partielle, qui l’opposait dimanche 5 juillet au FN Steeve Briois. En choisissant cet ancien directeur des services de la mairie, opposé à la politique du maire déchu, l’ancien socialiste Gérard Dalongeville, les électeurs de cette ville du Pas-de-Calais, dans la grande banlieue de Lille, ont joué la carte d’une certaine légitimité, face à l’extrême-droite. Daniel Duquenne présentait également l’avantage de ne pas avoir été associé à la gestion de l’équipe précédente, enfoncée dans les difficultés financières et surtout judiciaires.
Ce facteur, davantage que l’accroissement de la participation entre les deux tours (de 60,15 à 62,37 %), a joué en faveur de la liste de l’Alliance républicaine. Davantage aussi sans doute que la stratégie, toujours aléatoire, du front républicain. Daniel Duquenne a en effet bénéficié du retrait sans fusion des autres listes de gauche, ainsi que du soutien de l’UMP, dont le candidat n’avait même pas atteint la barre des 5 % au premier tour. La lecture des résultats en nombre de voix est à cet égard bien plus parlante que les pourcentages.
Au premier tour, Daniel Duquenne avait attiré 2302 voix (http://une-ville-exsangue-henin-beaumont.kazeo.com/Municipales-2009,r203653.html). La liste FN de Steeve Briois en rassemblait de son côté 4485. Si on retranche ce dernier résultat au nombre total d’exprimés du premier tour, on obtient 6917 voix.
Or, Daniel Duquenne n’en obtient au second tour que 6108 devant les 5450 de Steeve Briois (http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2009/07/06/article_la-formidable-revanche-de-daniel-duquenn.shtml).
Car entre les deux tours, si 430 voix personnes supplémentaires se sont déplacées (12 059 contre 11 629), seules 158 d’entre elles se sont exprimées. On passe de 227 bulletins blancs ou nuls à 501.
Parmi eux, en dehors des abstentionnistes du premier tour, sans doute des électeurs socialistes frustrés par le retrait de la liste de Pierre Ferrari. Egalement aussi des partisans de droite, tout aussi frustrés de l’élimination de la liste UMP de Nesredine Ramdani, et préférant renvoyer dos à dos MM Duquenne et Briois.
D’autres ont sans doute préférer voter sans état d’âme pour le FN. Car si la participation s’accroît entre les deux tours de 430 bulletins, la liste Briois en gagne 965. A comparer aux 835 suffrages totalisés par les trois listes classées à droite.
Il ne serait pas étonnant d’ailleurs qu’à droite, les moins enclins à voter FN soient issus des milieux économiques. Du moins si l’on en croit les réactions recueillis par différent media chez les commerçants soulignant qu’un maire FN, « ce ne serait pas bon pour les affaires ». A cet égard, l’extrême-droite peut elle aussi être, dans les urnes, victime de la crise économique, malgré certains lieux communs tenaces sur le vote FN.
Malgré sa défaite, le Front national gagne donc des voix, contrairement au Front républicain qui en perd, en dépit de l’accroissement de la participation, et en dépit aussi de ce qu’affirme Jean-Pierre Raffarin sur le site du Nouvel Observateur.
L’Alliance républicaine, comme le FN, en ont pris conscience. Le futur maire Daniel Duquenne n’a pas caché qu’«il faudra reconquérir certains secteurs » de la commune. D’ailleurs, sur 18 bureaux, quatre ont placé Steeve Briois en tête. Et, désormais, le FN fera figure de seule alternative municipale jusqu’en 2014. A moins que…
De l’autre côté de l’échiquier, Marine Le Pen, deuxième sur la liste FN, maintient la pression. Le faible écart de voix avec la liste de Daniel Duquenne, ainsi que certaines déclarations de ce dernier entre les deux tours, l’ont incitée à déposer un recours en annulation du scrutin.
La fille de Jean-Marie Le Pen compte toujours, toutes proportions gardées et dans un contexte différent, rééditer le coup de Vitrolles, lorsque Bruno Mégret, en 1997, s’était finalement imposé après un premier échec de justesse.
Faire passer cette défaite pour une victoire personnelle reste dans son intérêt, dans la course à la succession à la tête du FN, sur fond de déconfiture électorale.
C’est l’une des conséquences de ce scrutin, dont les répercussions dépassent largement le cadre local.
Emmanuel SAINT-BONNET

lundi 29 juin 2009

Score historique pour le FN à Hénin-Beaumont

Depuis dimanche soir, Marine Le Pen se trouve plus que jamais en mesure de ravir la mairie d’Hénin-Beaumont à la gauche.
Avec 39,34 % des bulletins exprimés, la liste que conduit le conseiller municipal (FN) de cette ville du bassin minier du Pas-de-Calais, Steeve Briois, et sur laquelle elle figure en deuxième place, obtient un score historique.
Historique certes pour cette commune frappée par des « affaires » telles qu’elles ont conduit le maire sortant, exclu du PS, Gérard Dalongeville, en détention provisoire. D’où cette partielle.
Mais historique également pour l’extrême-droite. En 1995, année des fastes élections municipales pour elle, seule la liste de Bruno Mégret à Vitrolles avait fait mieux avec 43,05 % au premier tour. Le N°2 du FN, à l’époque, avait été battu d’un cheveu (353 voix) au second tour, en triangulaire. Il avait pris sa revanche par épouse interposée lors de la partielle de 1997. Catherine Mégret l’avait cette fois emporté en duel face à la gauche.
En 1995, dans les trois villes remportées au second tour en triangulaire par le FN, l’extrême-droite plafonnait au premier à moins de 33 %.
C’est dire si Marine Le Pen a raison de qualifier ce résultat de « ballottage favorable » (http://actualite.aol.fr/municipale-dhenin-beaumont-le-fn-en/article/2009062815030257220236).
Face à elle, le candidat de l’Alliance républicaine Daniel Duquenne, troisième homme en 2008, arrive deuxième, avec 20,19 % des suffrages exprimés. Soutenue du bout des lèvres par la fédération socialiste du Pas-de-Calais, la liste d’union gauche-MODEM, conduite par Pierre Ferrari, n’obtient que 17,01 %.
Daniel Duquenne a donc réussi, de peu, son pari d’apparaître comme un recours pour un électorat de gauche mortifié par la situation politique. Il semble aussi qu’il ait attiré une partie des électeurs UMP, dont la liste n’atteint pas les 10 %, une autre partie ayant semble-t-il jugé le vote FN comme « utile »…
D’ores et déjà, Daniel Duquenne et Pierre Ferrari appellent à une large union pour battre le FN. Si on lui additionne les suffrages obtenus par les Verts (8,52 %), la gauche non extrême atteint péniblement les 46 %.
Loin, très loin d’une majorité absolue en cas de duel au second tour. D’autant plus que de nombreux électeurs de droite, frustrés de ne pas être représentés au conseil municipal depuis 2001, après trois éliminations consécutives au premier tour, pourraient céder à la tentation de renvoyer la gauche dans l’opposition, plutôt que succomber aux sirènes d’un très hypothétique, dimanche soir, front républicain.
La chance la plus sérieuse pour la gauche de renverser la vapeur serait la mobilisation des abstentionnistes (39,85 %, soit huit points de plus que le premier tour de 2008) au second tour. Car le scénario d’une triangulaire aboutirait, sauf changement spectaculaire de situation, à la victoire de Steeve Briois.
Emmanuel SAINT-BONNET

dimanche 28 juin 2009

Cinquième triangulaire remportée par Jean-Paul Alduy

Prime à la chaussette. Voilà sans doute le principal commentaire qui devrait être émis, à propos de la réélection du maire (UMP) de Perpignan, dimanche soir. Une partielle provoquée par l’affaire des bulletins au nom du sortant, le sénateur Jean-Paul Alduy, cachées dans les chaussettes d’un scrutateur, lors des municipales de mars 2008.
Avec 53,54 % des suffrages exprimés, Jean-Paul Alduy a manifestement profité de l’élimination du FN après le premier tour. Davantage que la division de la gauche et du centre, dont les deux listes rassemblent moins de la majorité (http://actualite.aol.fr/perpignan-la-liste-ump-de-jean/article/20090628071421139406142).
Un résultat qui ne devrait pas arranger les relations entre les deux têtes de liste de l’opposition municipale, Jacqueline Amiel-Donat (PS) et Jean Codognès (divers gauche), qui avaient pourtant su s’entendre, mais en vain, en 2008.
Car même si, arithmétiquement, il était attendu, la majorité absolue obtenue par l’UMP sonne comme un désaveu pour la gauche et le MODEM. Maigre consolation pour eux : les 51,12 % de participation pour ce second tour, assez loin des 62,33 % de 2008, qui empêchent de qualifier cette victoire de plébiscite (http://www.francesoir.fr/reuters/show/article/2009-06-28T210049Z_01_PAE55R0HQ_RTROPTT_0_OFRTP-FRANCE-MUNICIPALES-PERPIGNAN-20090628/image/2009-06-28T201341Z_01_APAE55R1K6V00_RTROPTP_0_OFRTP-FRANCE-MUNICIPALES-PERPIGNAN-20090628).
Outre l’affaire des chaussettes, cette réélection intervient dans un climat assez délétère, marqué par des « affaires » dont celle, tragique, de Saint-Cyprien.
Nul doute que nombre de commentateurs feront le rapprochement avec la fameuse « prime à la casserole », évoquée en 2001 après les retours des très contestés Patrick Balkany à Levallois-Perret et Jacques Mellick à Béthune.
Une chose est sûre : Jean-Paul Alduy est passé maître dans l’art de survivre à des triangulaires. Depuis son accession à la mairie, en 1993, il a successivement affronté la gauche et le FN, en 1993, 1995 et 2008, et la gauche et une dissidence de droite en 2001. Cette victoire contre deux listes de gauche manquait à son palmarès.
Emmanuel SAINT-BONNET

lundi 22 juin 2009

Hénin-Beaumont, un Vitrolles Ch'ti?

Douze ans après la victoire du clan Mégret à Vitrolles, l’extrême-droite a de bonnes chances de faire tomber dans son escarcelle une ville de plus de 10 000 habitants.
Dimanche prochain se tiendra une municipale partielle à Hénin-Beaumont, dans le bassin minier du Pas-de-Calais. Une élection qui fait suite à la démission en bloc du conseil municipal, après la mise en examen, et l’incarcération du maire (divers gauche) Gérard Dalongeville, pour « détournement de fonds publics, faux en écriture et favoritisme ».
Pour ce scrutin, le FN, qui a encore obtenu 27,92 % des voix exprimées sur la commune, pointant ainsi en tête, lors des dernières Européennes, fera face à une gauche complètement éclatée.
Alors que l’ancienne ministre socialiste Marie-Noëlle Lienemann vient de jeter l’éponge, les couteaux sont de sortie. La fédération socialiste du Pas-de-Calais avait dans un premier temps investi le radical de gauche Eric Mouton, en ticket avec le jeune socialiste Pierre Ferrari.
Ce dernier a finalement choisi de monter sa propre liste « arc-en-ciel », allant du PCF au MODEM, comme le rapporte Le Monde (http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/06/11/henin-beaumont-cinq-listes-de-gauche-face-a-marine-le-pen_1205868_823448.html).
Il devra compter avec Les Verts, le NPA, l’Alliance républicaine, un petit mouvement de gauche conduit par Daniel Duquenne, candidat présent au second tour lors des municipales de mars 2008 (http://alliancerepublicaine.typepad.fr/mon_weblog/), et l’ancien maire socialiste Pierre Darchicourt, battu en 2001 par Gérard Dalongeville lors d’une primaire sauvage au sein du PS.
L’UMP sera également présente, ainsi qu’une liste divers droite et une autre sans étiquette. Cependant, la droite reste structurellement faible dans le bassin minier.
C’est dans ce contexte que l’extrême-droite a pu prospérer, profitant justement de cette faiblesse, mais surtout du discrédit de la gauche après l’affaire Dalongeville, dans une région Nord – Pas-de-Calais où l’audience d’un PS qui a tendance à se notabiliser s’effrite lentement.
Contrairement à l’écrasante majorité des villes où son implantation est importante, elle a suivi une courbe ascendante. Steeve Briois, qui mènera dimanche la liste FN où Marine Le Pen figure en deuxième position, était candidat en 1995, rassemblant entre 12 et 13 % des suffrages exprimés d’un tour à l’autre.
En 2001, la crise scission mégrétiste n’a pas affaibli l’extrême-droite, loin de là. Sous l’étiquette MNR, Steeve Briois parvient à convaincre 17,49 % des électeurs exprimés au premier tour, et 19,08 au second.
Revenu sous la bannière frontiste, flanqué de Marine Le Pen, il est présent en 2008 au second tour, s’intercalant entre les listes Dalongeville et Duquenne, avec 28,83 %.
Ce dernier résultat et celui des Européennes ne sont pas loin du point de bascule en cas de triangulaire, à savoir un peu plus de 33,34 % des suffrages exprimés. Ce fut le cas notamment lors des municipales de 1995 à Orange (35,93 %) et Toulon (37,02 %).
Cependant, cette élection rappelle davantage celle de Vitrolles en 1997. Après un premier échec en 1995, Bruno Mégret avait réussit à souffler cette commune des Bouches-du-Rhône à une gauche empêtrée dans ses « affaires » et incapable de créer un front républicain avec une droite ici aussi structurellement peu implantée, lors d’une partielle en 1997 remportée par son épouse Catherine.
« Affaires », divisions des forces politiques classiques, faiblesse de la droite, élection partielle, présence d’une personnalité frontiste d’envergure nationale… Les mêmes ingrédients sont réunis à Hénin-Beaumont.
Adoptant un positionnement différent de celui des Mégret, Marine Le Pen joue d’une certaine façon davantage sur du velours, en mettant en avant Steeve Briois, militant implanté de longue date.
Face à elle, le PS semble avoir pris conscience du risque mortel du délitement. La première secrétaire fédérale du Pas-de-Calais, Catherine Génisson, soutient Pierre Ferrari, qui a du préférer inclure le MODEM sur sa liste, plutôt que d’y voir figurer Eric Mouton. L’exclusion du radical était en effet une condition préalable à la présence des centristes (http://www.20minutes.fr/article/331947/Lille-Du-PC-au-MoDem-large-rassemblement-contre-le-FN-a-Henin-Beaumont.php).
Reste à savoir si cet attelage convaincra des électeurs apparemment las des turpitudes de certains de leurs élus.
Nul doute que les résultats du premier tour seront scrutés avec attention dans tous les Etats-Majors de campagne. Si le FN fait aussi bien ou plus qu’en 2008 et qu’aux Européennes, la pression à la fusion va s’avérer très forte sur les épaules de Daniel Duquenne.
A moins que ce candidat, troisième homme en 2008, n’apparaisse comme un recours pour les électeurs de gauche, déjouant alors tous les pronostics, aussi bien pour le premier que pour le second tour de cette élection à hauts risques.
Emmanuel SAINT-BONNET