jeudi 15 janvier 2009

Second tour surprise à Douarnenez

L'empêcheur de tourner en rond n'a pas été le MODEM mais le candidat PCF-Alternatifs, lors de la cantonale partielle de dimanche à Douarnenez (Finistère).
Comme prévu, le candidat divers droite soutenu par l'UMP, Erwan Le Floch, s'est nettement détaché lors de ce premier tour, avec 38,55 % des suffrages exprimés (les résultats complets sur http://christof.rmc.fr/). La vraie surprise, c'est son challenger Hugues Tupin. Classé divers gauche, il a doublé le socialiste Hervé Fourn de 47 voix. Loin devant le MODEM Bernard Conan, qui rassemble 11,19 % des voix.
Mais les centristes détiennent cependant toujours la clé de ce scrutin. Additionnés à ceux de l'UMP, leurs suffrages pourraient permettre à Erwan Le Floch de l'emporter. Alors que la gauche à elle seule, toutes tendances confondues, atteint les 50 %.
Les habituels mauvais reports du MODEM sur la droite dans la région semblent a priori favoriser Hugues Tupin. Seul son profil très à gauche pourrait gripper cette mécanique, comme en témoignent les réactions sur le terrain des militants du MODEM (http://skeptikos.hautetfort.com/archive/2009/01/11/cantonale-de-douarnenez.html). Il convient également de ne pas oublier les abstentionnistes de droite, certainement très nombreux lors de ce premier tour qui n'a vu que 28,68 % de participants. Leur mobilisation pourrait aussi renverser la vapeur.
Ce premier tour illustre en tout cas une certaine défiance des électeurs de ce canton aussi bien face à la majorité présidentielle et gouvernementale qu'au PS. Si on ajoute les suffrages obtenus par les Verts et les autonomistes de Breizhistance à ceux de M. Tupin, on obtient près de 33 %, bien loin devant les 17,91 % du PS.
Seul ce dernier a clairement appelé à voter pour Hugues Tupin, comme le rapporte le Télégramme (http://www.letelegramme.com/gratuit/generales/regions/finistere/cantonales-douarnenez-pas-de-ps-au-second-tour-20090112-4503112_1596645.php). Les socialistes semblent avoir perdu la main pour de bon dans ce fief du communisme sardinier dominé par la droite.
Emmanuel SAINT-BONNET

vendredi 9 janvier 2009

Le MODEM trouble le jeu au large d'Ys

Dimanche se déroulera une cantonale partielle inattendue à Douarnenez, dans le Finistère. Inattendue car le sortant, le maire UMP de la ville-centre Philippe Paul, pensait, après avoir été élu sénateur cet automne, transmettre tranquillement son siège à sa suppléante Catherine Billac.
Or, il semble que les élus connaissent encore mal les modifications du code électoral récemment induites par la création des conseillers généraux suppléants, comme l'explique "Le Télégramme" (http://www.letelegramme.com/local/finistere-sud/ouest-cornouaille/douarnenez/locale/elections-cantonales-partielles-retour-aux-urnes-20080929-3886105_1477213.php). En effet, la démission pour cumul des mandats, comme c'est le cas ici, doit donner lieu à une élection partielle, et non au remplacement du titulaire par le suppléant.
A première vue, la droite devrait conserver ce canton, qu'elle détient depuis 1994, et où Philippe Paul a été réélu au premier tour en 2008, avec 51,03 %, en l'absence de candidat du FN. Il avait alors fait coup double en enlevant la mairie de Douarnenez à la gauche.
Cependant, de nombreux facteurs pourraient gêner l'adjoint au maire de Douarnenez Erwan Le Floch, candidat investi par l'UMP.
Au premier rang de ceux-ci, le MODEM. En 2008, il avait été absent du jeu électoral d'où, vraisemblablement, le bon score de Philippe Paul. Ce dernier provient des rangs de l'UDF, et avait succédé au centriste Joseph Trétout, qui avait arraché ce canton aux socialistes en 1994. Cette fois-ci, les centristes présentent Bernard Conan, qui mène une campagne assez active, aussi bien sur le terrain que sur le Web (http://singulierdemocrate.over-blog.fr/article-26228892.html).
Le PS, emmené par Louis Le Pensec, avait réussi à faire élire l'un des siens pour deux mandats, depuis 1982, sur fond de lente montée de la gauche dans le Sud-Finistère, qui avait débouché sur le basculement du département en 1998. Mais la nouvelle majorité n'est pour l'instant pas parvenue à reprendre Douarnenez.
Vieille terre MRP passée aux gaullistes en 1976, ce canton, situé au nord du Pays Bigouden, dans la Bretagne des légendes (la ville d'Ys reposerait au large de Douarnenez), n'est cependant pas monocolore. Si la droite gagne le plus souvent grâce aux campagnes, la gauche est présente depuis le début du XXe siècle dans la ville-centre. Aujourd'hui plutôt tournée vers la navigation de plaisance, Douarnenez a autrefois abrité de grandes conserveries. C'est ici qu'est né le communisme sardinier, déclinaison bretonne de ce mouvement dont l'implantation resta assez médiocre dans le reste de la région.
En plus du socialiste Hervé Fourn, conseiller municipal de Douarnenez, le PCF alignera un candidat commun avec les Alternatifs, Hugues Tupin, lui aussi élu de la ville-centre. Le Vert Jean Cathala, qui a dépassé les 10 % en mars 2008, repartira au combat.
Comme souvent dans ce canton, l'offre de gauche s'avère assez importante. Il conviendra cette fois-ci d'ajouter Arnaud Vannier, du mouvement Breizhistance (http://bretagnelibre.over-blog.com/article-25861160.html).
Si Erwan Le Floch, favorisé par l'absence du FN, ne passe pas au premier tour, une mécanique complexe de reports devrait se déclencher au second. Même si les militants bretons du MODEM et du PS semblent peu proches sur le terrain, la singulière porosité entre leurs électeurs, qui a beaucoup oeuvré lors des législatives de 2007 et des cantonales de 2008, pourrait de nouveau se faire entendre. Il faut savoir en effet que les leaders socialistes et de la défunte UDF ont souvent été nourris, dans leur jeunesse, au même lait des mouvements ouvriers et paysans. Et que beaucoup d'électeurs centristes n'ont toujours pas pardonné le ralliement inconditionnel de la plupart de leurs élus à l'UMP en 2002. Parmi eux, un certain... Philippe Paul.
Pour ce dernier, qui fait figure d'homme fort du secteur, ce scrutin partiel aura valeur de test. Son candidat risque fort de ne pas le remporter s'il n'obtient pas, dimanche, au moins 45 % face au PS ou au MODEM... Ou aux deux en même temps.
Reste une dernière inconnue: l'abstention, qui promet d'être forte comme lors de la plupart des partielles, et peut elle aussi déjouer bien des pronostics.
Emmanuel SAINT-BONNET
POUR EN SAVOIR PLUS
Tout sur la géopolitique du Finistère: http://www.atlaspol.com/BR/Copie%20de%20finistere1.htm
Tout sur les élections cantonales: http://christof.rmc.fr/

mercredi 7 janvier 2009

Ginestas à l'aube de l'après-Schivardi?

Gérard Schivardi, candidat du Parti des travailleurs (PT) à la dernière élection présidentielle, a été démis de ses fonctions de conseiller général (divers gauche) de Ginestas, dans l'Aude, a annoncé l'AFP mardi 6 janvier.
Selon la Dépêche du Midi (http://www.ladepeche.fr/article/2009/01/07/518273-Ginestas-Cantonales-Gerard-Schivardi-demis-de-ses-fonctions.html), c'est pour une facture d'imprimeur de 223,45 € que le tribunal administratif a rendu cette décision, assortie d'une peine d'inéligibilité d'un an, à l'encontre du maire de Mailhac. Expliquant qu'il n'avait pas ouvert de compte lors des élections cantonales de 2008, faisant campagne sur ses propres deniers, Gérard Schivardi affirme: « C'est moi-même qui a indiqué ce montant lorsque quelqu'un de Paris, de la commission des comptes, m'a téléphoné pour me demander pourquoi je ne faisais pas de dossier pour être remboursé ».
Sur son site, recueillant des réactions indignées d'internautes face à cette décision, TF1 indique notamment que M. Schivardi fera appel devant le conseil d'Etat (http://tf1.lci.fr/infos/france/politique/0,,4216828,00-des-ennuis-pour-schivardi-.html). Cet appel, s'il est déposé, sera suspensif.
Au delà de la polémique naissante sur cette affaire, force est de constater que l'éventuelle disparition de Gérard Schivardi des travées du conseil général de l'Aude a peu de chances de bouleverser la géopolitique du canton de Ginestas.
Officiellement sans étiquette jusqu'à la création de son Parti ouvrier indépendant (POI) en juin dernier, le conseiller général sortant provient en fait du PS, auquel il a adhéré en 1975. Il en fut même secrétaire fédéral jusqu'en 2003, année de sa candidature dissidente à l'élection partielle devant remplacer le conseiller général PS de Ginestas, Jean Palancade, démissionnaire, élu en 1988. Au terme d'une campagne axée sur la défense des services publics, mais également marquée par une certaine méfiance face à l'intercommunalité, Gérard Schivardi souffle le canton au candidat officiel du PS, Yves Bastié.
Lors des cantonales de mars dernier, il a obtenu 63 % des suffrages exprimés dès le premier tour. Un résultat habituel dans ce canton, très solidement ancré à gauche, puisqu'il n'a élu que des socialistes sous la Ve République.
Situé aux confins du Minervois et du Narbonnais, bordé par le canal du Midi, le canton de Ginestas est en partie constitué d'une plaine viticole. Comme la plupart des régions productrices de vin, il a connu très tôt la déchristianisation, avant d'entrer au début du XXe siècle dans l'orbite du Midi rouge, sur fond de révoltes vigneronnes. D'où un reste de tempérament frondeur, allumé, selon certains, sur les bûchers de la croisade contre les Albigeois au début du XIIIe siècle. En 1210, en effet, 240 cathares ont été brûlés à Minerve, au nord-ouest de Ginestas.
Grand pourfendeur des directives de l'Union européenne et des structures intercommunales, tout en se déclarant profondément laïc et républicain, Gérard Schivardi a su incarner cette tradition de révolte, dans un secteur où sévit encore quelquefois le Comité d'action viticole. En 2004, il fut pressenti pour diriger une liste régionaliste aux élections europénnes, avec la coalition Languedoc et Catalogne, qui évoquait des thèmes encore sensibles dans la région.
Si son invalidation est confirmée par le Conseil d'Etat, il reste fort probable que Ginestas demeurera à gauche. Reste à savoir quel élu portera ses couleurs. Un militant du POI soutenu par M. Schivardi ou un maire sans étiquette? Sans oublier le PS qui, même s'il paraît notabilisé (seuls deux conseillers généraux se sont succédés entre 1958 et 2003), ne reste pas loin des leviers de commande dans ce canton.
Emmanuel SAINT-BONNET
POUR EN SAVOIR PLUS
Tout sur la géopolitique de l'Aude: http://www.atlaspol.com/LARU/aude1.htm
Tout sur les élections cantonales: http://christof.rmc.fr/