mercredi 7 janvier 2009

Ginestas à l'aube de l'après-Schivardi?

Gérard Schivardi, candidat du Parti des travailleurs (PT) à la dernière élection présidentielle, a été démis de ses fonctions de conseiller général (divers gauche) de Ginestas, dans l'Aude, a annoncé l'AFP mardi 6 janvier.
Selon la Dépêche du Midi (http://www.ladepeche.fr/article/2009/01/07/518273-Ginestas-Cantonales-Gerard-Schivardi-demis-de-ses-fonctions.html), c'est pour une facture d'imprimeur de 223,45 € que le tribunal administratif a rendu cette décision, assortie d'une peine d'inéligibilité d'un an, à l'encontre du maire de Mailhac. Expliquant qu'il n'avait pas ouvert de compte lors des élections cantonales de 2008, faisant campagne sur ses propres deniers, Gérard Schivardi affirme: « C'est moi-même qui a indiqué ce montant lorsque quelqu'un de Paris, de la commission des comptes, m'a téléphoné pour me demander pourquoi je ne faisais pas de dossier pour être remboursé ».
Sur son site, recueillant des réactions indignées d'internautes face à cette décision, TF1 indique notamment que M. Schivardi fera appel devant le conseil d'Etat (http://tf1.lci.fr/infos/france/politique/0,,4216828,00-des-ennuis-pour-schivardi-.html). Cet appel, s'il est déposé, sera suspensif.
Au delà de la polémique naissante sur cette affaire, force est de constater que l'éventuelle disparition de Gérard Schivardi des travées du conseil général de l'Aude a peu de chances de bouleverser la géopolitique du canton de Ginestas.
Officiellement sans étiquette jusqu'à la création de son Parti ouvrier indépendant (POI) en juin dernier, le conseiller général sortant provient en fait du PS, auquel il a adhéré en 1975. Il en fut même secrétaire fédéral jusqu'en 2003, année de sa candidature dissidente à l'élection partielle devant remplacer le conseiller général PS de Ginestas, Jean Palancade, démissionnaire, élu en 1988. Au terme d'une campagne axée sur la défense des services publics, mais également marquée par une certaine méfiance face à l'intercommunalité, Gérard Schivardi souffle le canton au candidat officiel du PS, Yves Bastié.
Lors des cantonales de mars dernier, il a obtenu 63 % des suffrages exprimés dès le premier tour. Un résultat habituel dans ce canton, très solidement ancré à gauche, puisqu'il n'a élu que des socialistes sous la Ve République.
Situé aux confins du Minervois et du Narbonnais, bordé par le canal du Midi, le canton de Ginestas est en partie constitué d'une plaine viticole. Comme la plupart des régions productrices de vin, il a connu très tôt la déchristianisation, avant d'entrer au début du XXe siècle dans l'orbite du Midi rouge, sur fond de révoltes vigneronnes. D'où un reste de tempérament frondeur, allumé, selon certains, sur les bûchers de la croisade contre les Albigeois au début du XIIIe siècle. En 1210, en effet, 240 cathares ont été brûlés à Minerve, au nord-ouest de Ginestas.
Grand pourfendeur des directives de l'Union européenne et des structures intercommunales, tout en se déclarant profondément laïc et républicain, Gérard Schivardi a su incarner cette tradition de révolte, dans un secteur où sévit encore quelquefois le Comité d'action viticole. En 2004, il fut pressenti pour diriger une liste régionaliste aux élections europénnes, avec la coalition Languedoc et Catalogne, qui évoquait des thèmes encore sensibles dans la région.
Si son invalidation est confirmée par le Conseil d'Etat, il reste fort probable que Ginestas demeurera à gauche. Reste à savoir quel élu portera ses couleurs. Un militant du POI soutenu par M. Schivardi ou un maire sans étiquette? Sans oublier le PS qui, même s'il paraît notabilisé (seuls deux conseillers généraux se sont succédés entre 1958 et 2003), ne reste pas loin des leviers de commande dans ce canton.
Emmanuel SAINT-BONNET
POUR EN SAVOIR PLUS
Tout sur la géopolitique de l'Aude: http://www.atlaspol.com/LARU/aude1.htm
Tout sur les élections cantonales: http://christof.rmc.fr/

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