vendredi 9 janvier 2009

Le MODEM trouble le jeu au large d'Ys

Dimanche se déroulera une cantonale partielle inattendue à Douarnenez, dans le Finistère. Inattendue car le sortant, le maire UMP de la ville-centre Philippe Paul, pensait, après avoir été élu sénateur cet automne, transmettre tranquillement son siège à sa suppléante Catherine Billac.
Or, il semble que les élus connaissent encore mal les modifications du code électoral récemment induites par la création des conseillers généraux suppléants, comme l'explique "Le Télégramme" (http://www.letelegramme.com/local/finistere-sud/ouest-cornouaille/douarnenez/locale/elections-cantonales-partielles-retour-aux-urnes-20080929-3886105_1477213.php). En effet, la démission pour cumul des mandats, comme c'est le cas ici, doit donner lieu à une élection partielle, et non au remplacement du titulaire par le suppléant.
A première vue, la droite devrait conserver ce canton, qu'elle détient depuis 1994, et où Philippe Paul a été réélu au premier tour en 2008, avec 51,03 %, en l'absence de candidat du FN. Il avait alors fait coup double en enlevant la mairie de Douarnenez à la gauche.
Cependant, de nombreux facteurs pourraient gêner l'adjoint au maire de Douarnenez Erwan Le Floch, candidat investi par l'UMP.
Au premier rang de ceux-ci, le MODEM. En 2008, il avait été absent du jeu électoral d'où, vraisemblablement, le bon score de Philippe Paul. Ce dernier provient des rangs de l'UDF, et avait succédé au centriste Joseph Trétout, qui avait arraché ce canton aux socialistes en 1994. Cette fois-ci, les centristes présentent Bernard Conan, qui mène une campagne assez active, aussi bien sur le terrain que sur le Web (http://singulierdemocrate.over-blog.fr/article-26228892.html).
Le PS, emmené par Louis Le Pensec, avait réussi à faire élire l'un des siens pour deux mandats, depuis 1982, sur fond de lente montée de la gauche dans le Sud-Finistère, qui avait débouché sur le basculement du département en 1998. Mais la nouvelle majorité n'est pour l'instant pas parvenue à reprendre Douarnenez.
Vieille terre MRP passée aux gaullistes en 1976, ce canton, situé au nord du Pays Bigouden, dans la Bretagne des légendes (la ville d'Ys reposerait au large de Douarnenez), n'est cependant pas monocolore. Si la droite gagne le plus souvent grâce aux campagnes, la gauche est présente depuis le début du XXe siècle dans la ville-centre. Aujourd'hui plutôt tournée vers la navigation de plaisance, Douarnenez a autrefois abrité de grandes conserveries. C'est ici qu'est né le communisme sardinier, déclinaison bretonne de ce mouvement dont l'implantation resta assez médiocre dans le reste de la région.
En plus du socialiste Hervé Fourn, conseiller municipal de Douarnenez, le PCF alignera un candidat commun avec les Alternatifs, Hugues Tupin, lui aussi élu de la ville-centre. Le Vert Jean Cathala, qui a dépassé les 10 % en mars 2008, repartira au combat.
Comme souvent dans ce canton, l'offre de gauche s'avère assez importante. Il conviendra cette fois-ci d'ajouter Arnaud Vannier, du mouvement Breizhistance (http://bretagnelibre.over-blog.com/article-25861160.html).
Si Erwan Le Floch, favorisé par l'absence du FN, ne passe pas au premier tour, une mécanique complexe de reports devrait se déclencher au second. Même si les militants bretons du MODEM et du PS semblent peu proches sur le terrain, la singulière porosité entre leurs électeurs, qui a beaucoup oeuvré lors des législatives de 2007 et des cantonales de 2008, pourrait de nouveau se faire entendre. Il faut savoir en effet que les leaders socialistes et de la défunte UDF ont souvent été nourris, dans leur jeunesse, au même lait des mouvements ouvriers et paysans. Et que beaucoup d'électeurs centristes n'ont toujours pas pardonné le ralliement inconditionnel de la plupart de leurs élus à l'UMP en 2002. Parmi eux, un certain... Philippe Paul.
Pour ce dernier, qui fait figure d'homme fort du secteur, ce scrutin partiel aura valeur de test. Son candidat risque fort de ne pas le remporter s'il n'obtient pas, dimanche, au moins 45 % face au PS ou au MODEM... Ou aux deux en même temps.
Reste une dernière inconnue: l'abstention, qui promet d'être forte comme lors de la plupart des partielles, et peut elle aussi déjouer bien des pronostics.
Emmanuel SAINT-BONNET
POUR EN SAVOIR PLUS
Tout sur la géopolitique du Finistère: http://www.atlaspol.com/BR/Copie%20de%20finistere1.htm
Tout sur les élections cantonales: http://christof.rmc.fr/

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