samedi 18 juillet 2009

Le redécoupage Marleix dans l'Ain

Durant tout l'été, les Artisans-Politologues publient une série de posts sur le projet de redécoupage électoral, département par département
Le redécoupage de l'Ain était notamment motivé par l'augmentation de la population dans le sud-ouest du département, sous la pression de l'agglomération lyonnaise. Les ciseaux d'Alain Marleix ont créé un cinquième siège, la future 2e circonscription, qui s'étendra de Lagnieu à Trévoux, et modifiera quelque peu le découpage législatif.
1ere circonscription (Bourg-en-Bresse)
La modification va s'effectuer à la marge, l'actuelle 1ere circonscription perdant Péronnas, dans la zone péri-urbaine de la préfecture Bourg-en-Bresse, mais récupérant Pont-de-Vaux, un canton davantage soumis à l'influence électorale de la Bourgogne et du Beaujolais.
Ces deux cantons sont actuellement à droite, et penchent plutôt en faveur de cette mouvance depuis 1958 (en bleu clair sur la carte).
La gauche, qui a détenu cette circonscription entre 1997 et 2002, ne devrait pas a priori perdre ses chances de reconquête. Lors des législatives de 2007, le candidat UMP Xavier Breton l'avait emporté au second tour avec 53,66 % sur le socialiste Jean-François Débat. Depuis, ce dernier est devenu maire de Bourg-en-Bresse, et cette circonscription élit chaque fois, depuis 1988, le maire de la préfecture lorsqu'il se présente, mais la perte de Péronnas pourrait priver la gauche d'une partie de son électorat péri-urbain.
2e circonscription (Trévoux)
Elle sera formée des cantons du sud des actuelles 2e et 4e circonscriptions. L'objectif semble ici clairement de contrebalancer l'influence de la gauche, de plus en plus forte dans les cantons où déborde l'agglomération lyonnaise, avec ceux de l'amont de la vallée du Rhône, bien plus conservateurs.
Ainsi, depuis 1958, Lagnieu et Meximieux n'ont-il jamais élu de conseiller de gauche (en bleu foncé sur la carte). Jusqu'à présent, ces deux cantons verrouillaient le sud de la 2e circonscription au profit de la droite.
En aval de la vallée du Rhône, la situation politique s'avère moins claire. Si Montluel penche à gauche, c'est le cas aussi de Reyrieux, mais ce dernier canton est à droite depuis 2001. Trévoux, représenté par la gauche depuis 1998, est cependant légèrement dominé par la droite sur la période 1958-2008. Quant à Miribel, s'il a voté à droite depuis sa création en 1982, il envoie depuis 1998 un conseiller de gauche dans l'hémicycle départemental.
Bref, si la majorité actuelle semble avoir fait le maximum pour s'assurer le contrôle de cette circonscription, il n'est pas certain qu'elle réussisse. Ses chances reposent sur Charles de la Verpillière, député sortant de la 2e. Les prochaines législatives pourraient voir s'opposer cet élu de Lagnieu, ancien président du conseil général, au maire divers gauche de Miribel Jacques Berthou, élu sénateur en 2008.
3e circonscription (Ferney-Voltaire)
L'ancienne circonscription de Charles Millon a longtemps été un secteur solide pour la droite. L'ancien président (UDF) du conseil régional, élu depuis 1978, l'a emporté dès le premier tour en 1988 et 1993. Si la vague rose de 1997 a provoqué un ballottage, ceux de 2002 et 2007 étaient moins attendus.
Le dernier doit cependant être relativisé, Etienne Blanc, successeur UMP de Charles Millon, ayant obtenu 49,99 % des bulletins exprimés au premier tour.
Alain Marleix a donc décider d'écarter les cantons de Brénod, Champagne, Hauteville, Lhuis, et Saint-Rambert, réputés moins stables, et surtout le frondeur Virieu-le-Grand, le seul du département à n'avoir jamais élu de conseiller de droite depuis 1958 (en rouge sur la carte).
La nouvelle circonscription sera donc formée d'un étroit couloir allant de Belley, ancien fief de Charles Millon, à Gex, où la sociologie est largement favorable à la droite, en passant par la ville de droite (depuis 2001) Bellegarde-sur-Valserine.
4e circonscription (Péronnas)
La nouvelle 4e circonscription sera découpée sur l'ancienne, un secteur modéré et conservateur qui élit depuis 1988 l'UMP (ex-UDF) Michel Voisin.
A première vue, le départ de Miribel, Trévoux et Reyrieux devrait couper la gauche locale de gros réservoirs de vote. L'adjonction de Péronnas devrait atténuer l'aspect rural de cette circonscription.
Toutefois, à l'examen de la carte, on s'aperçoit que droite et gauche sont presque à égalité, puisque quatre cantons sur huit tendent plutôt à gauche depuis 1958 (en orange sur la carte). La dynamique est d'ailleurs davantage en faveur de la gauche depuis les cantonales de 1998. Cependant, parmi les quatre cantons de droite, celui de Pont-de-Veyle n'a jamais élu de conseiller de gauche depuis 1958.
Comme dans la 2e circonscription, les équilibres futurs reposeront sans doute sur les personnalités locales en lice, alors que Michel Voisin est à présent le député le plus ancien, en nombre de mandats, du département.
5e circonscription (Oyonnax)
Elle devrait être bâtie à cheval sur les anciennes 2e et 3e circonscription, et en reprendre les cantons écartés.
A priori elle penchera fortement à droite car elle recouvrirait le bassin d'Oyonnax, l'un des plus peuplés du département, dont les deux cantons ne sont jamais passés à gauche depuis 1958. Sur les douze cantons de cette nouvelle circonscription, seuls quatre penchent vraiment à gauche. Cependant, cette dernière a bien progressé dans le sud de cette zone depuis 2001.
Les législatives de 2012 pourraient voir s'affronter deux femmes, Josyane Esposito, nouvelle maire socialiste d'Ambérieu-en-Bugey, et Sylvie Goy-Chavent, candidate malheureuse de l'UMP aux sénatoriales de 2008 et élue dans le canton de Poncin. Avec en embuscade le maire divers droite d'Oyonnax Michel Perraud et le FN, toujours assez présent dans le secteur.
A quoi faut-il s'attendre...
Sauf raz-de-marée de gauche aux législatives de 2012, ou triangulaire fratricide dans la 5e, la droite devrait conserver la majorité des sièges, quand bien même elle l'a perdue au conseil général et au conseil municipal de Bourg-en-Bresse en 2008. L'opposition semble relativement bien placée pour gagner les 1ere et 2e ou 4e circonscriptions, si l'usure du pouvoir atteint Michel Voisin, ou si la droite rate sa succession.
Emmanuel SAINT-BONNET

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A noter qu'il y a une erreur sur le découpage des 1ère et 4ème circonscription, puisque le canton de Bourg-sud (le plus à gauche du département) a suivi celui de Péronnas de la 1ère vers la 4ème.

Par ailleurs, Sylvie Goy-Chavent a bien été élue sénatrice en 2008.