dimanche 20 septembre 2009

Le redécoupage Marleix dans le Calvados

Le projet initial d'Alain Marleix ne prévoyait pas de redécoupage pour le Calvados. La copie finale prend en compte les observations de la commission consultative, qui pointait les déséquilibres démographique entre les 3e, 4e et 5e circonscriptions.
1ere circonscription (Caen I, II, III, VIII, IX)
Cette circonscription reste inchangée
2e circonscription (Caen IV, V, VI, VII, X)
Cette circonscription reste inchangée
3e circonscription (Lisieux-Falaise)
Le redécoupage apporte ici le canton conservateur de Cambremer, qui n'a jamais élu de conseiller général de gauche depuis 1958. Un ajout qui pourrait éloigner un peu plus, à gauche, la possibilité de reconquête de ce secteur, représenté par deux fois par la socialiste Yvette Roudy, maire de Lisieux de 1989 à 2001. Mais, cette fois-ci, la bataille pourrait se déplacer vers Falaise, l'autre grande ville de la circonscription, en opposant le député UMP sortant Claude Leteurtre, ancien maire, et le conseiller général PS du canton Nord Guy Bailliart. A moins que le PS n'investisse l'un de ses alliés, le maire PRG de Mézidon-Canon François Aubey, élu dans une zone où la gauche a beaucoup progressé ces dernières années.
4e circonscription (Lisieux-Trouville)
Une circonscription hautement symbolique. Recouvrant Deauville, fief de la famille giscardienne d'Ornano, ce fut la seule à ne pas céder à la vague rose de 1997, qui s'avéra particulièrement meurtrière pour la droite. En échangeant Cambremer contre Ouistreham, Alain Marleix prend ici un risque. Sur la carte, les cantons les plus peuplés sont en rouge et en orange, c'est-à-dire à gauche, face à des campagnes plus à droite (en bleu), s'appuyant sur les cantons conservateurs de Lisieux I et d'Honfleur. Le redécoupage reconstitue l'ancien bastion communiste de Dozulé, passé sous le contrôle de la droite en 1985, après la création des cantons de Cabourg et Ouistreham, jamais passés à droite depuis. Certes, la droite possède ici une bonne avance, mais le PS devrait jouer la carte du renouvellement le jeune élu de Cabourg Damien Cesselin. Députée depuis 1991, l'UMP Nicole Ameline pourrait céder en 2012 la place au maire de Deauville Philippe Auger, ou à celui de Honfleur, Michel Lamarre.
5e circonscription (Bayeux)
Cette circonscription perd un canton, celui de Ouistreham, le seul traditionnellement tourné vers la gauche dans le secteur. Ce qui devrait renforcer le sortant UMP Jean-Marc Lefranc, et éloigner le scénario d'une réédition des législatives de 1997, qui avaient vu la victoire quasiment "hors-sol", au vu de la rareté et de la faiblesse des bastions de gauche à l'époque, de la jeune socialiste Laurence Dumont face au notable indépendant, et réputé imbattable, François d'Harcourt. En 2012, la gauche pourrait présenter Nathalie Le Moal, implantée à Bayeux. Mais, en retranchant Ouistreham, Alain Marleix a voulu retarder le lent grignotage de la gauche par l'Est (Creully, Douvres-la-Délivrande) de cette circonscription.
6e circonscription (Vire)
Cette circonscription reste inchangée
A quoi faut-il s'attendre...
Alain Marleix a profité des observations de la commission de suivi pour tenter un pari qui pourrait s'avérer audacieux. En renforçant à droite les 3e et 5e circonscriptions, il prend le risque d'affaiblir le bastion UMP de la 4e, qui n'est plus à l'abri d'une surprise, dans un département où les changements sociologiques et démographiques résonnent de plus en plus dans les urnes.
Emmanuel SAINT-BONNET

mardi 1 septembre 2009

Le redécoupage Marleix dans les Bouches-du-Rhône

Comme en 1986, le département des Bouches-du-Rhône est assez fortement redécoupé, notamment la ville de Marseille. Le nombre de circonscriptions reste cependant inchangé, même si la préfecture en perd une au profit du reste du département.
1ere circonscription (Marseille XI)
Elle comprend la totalité du XIe arrondissement, et une partie des X et XIIe, ce qui la rapproche plutôt de l'ancienne 8e circonscription. Jusqu'en 2007, c'était le fief incontesté de la famille socialiste Masse, conquis par la jeune UMP Valérie Boyer. Le redécoupage écarte certains quartiers Nord les plus ancrés à gauche, ce qui pourrait conforter la députée sortante. La nouvelle délimitation comprend trois cantons traditionnellement à gauche, dont l'un, Saint-Marcel, n'a jamais élu de conseiller de droite (en rouge sur la carte) sous la Ve République.
2e circonscription (Marseille VII et VIII)
Elle regroupe le VIIIe arrondissement, qui formait l'ancienne 2e circonscription, et le VIIe, partie de l'ancienne 3e. Deux bastions de droite, qui devraient rendre ce nouveau siège très sûr pour la majorité. L'examen des cantons qu'elle abrite amène à la même conclusion. Ses trois cantons la Pointe-Rouge, Saint-Giniez, et Saint-Lambert, sont classés plutôt à droite depuis 1958 (en bleu clair sur la carte), et votent pour cette tendance respectivement depuis 1979, 1973 et 1982. Ce qui devrait assurer la réélection du député UMP de l'ancienne 2e, Dominique Tian.
3e circonscription (Marseille XIII)
Comprenant l'intégralité du XIIIe arrondissement, et une partie des XII et XIVe, elle peut s'assimilier à l'ancienne 7e circonscription. Cette dernière élit depuis 1997 la socialiste Sylvie Andrieux, connue pour bien résister aux vagues bleues. Cette nouvelle circonscription abrite trois cantons, dont deux, les Olives et la Rose, ont toujours voté à gauche depuis 1958. Le troisième, Montolivet, même s'il est classé à gauche, est moins stable politiquement, et vote à droite depuis 2004.
4e circonscription (Marseille I, II, III)
Difficile de rattacher cette nouvelle circonscription à une ancienne. Formée des trois premiers arrondissements municipaux, elle annexe aussi une partie des Ve et VIe. Ce qui la rapproche aussi bien de l'ancienne 4e que de la 3e, et en partie de la 5e qui recouvrait la totalité du Ve arrondissement. Ce qui pourrait créer une rivalité entre le socialiste Henri Jibrayel, qui a arraché en 2007 l'ancienne 4e aux communistes, et le 1er adjoint UMP à la mairie, Renaud Muselier, élu dans l'ancienne 5e depuis 1993. A moins que ne se dessine un autre scénario, favorisé par un éventuel retrait du sortant UMP de l'ancienne 3e, Jean Roatta, parallèle à une nouvelle tentative du ségoléniste de choc Patrick Mennucci, vice-président de la Région. A cet égard, le résultat des régionales de 2010 pésera peut-être sur les rapports de force dans cette circonscription en 2012. Difficile aussi de faire de la prospective à partir de la carte des cantons, puisque les quatre recouverts par cette circonscription vont du solidement ancré à droite à l'incontestablement attaché à la gauche. Cependant, depuis 2004, trois d'entre eux sont à gauche.
5e circonscription (Marseille IV)
Elle se rapproche beaucoup de l'ancienne 1ere, basée sur le IVe arrondissement, même si son découpage est un peu différent, comprenant des morceaux de Ve et VIe arrondissement, alors que l'ancien siège représentait aussi des parties des Ier et XIIe. Une zone considérée comme la clé de la victoire aux municipales. Elle est solidement tenue depuis 1988 par l'UMP Roland Blum. Une longévité que la gauche aimerait transformer en usure du pouvoir, avec peut-être une candidature de la conseillère générale PS Marie-Arlette Carlotti. Cette nouvelle circonscription recouvre deux cantons, Camas et la Blancarde, classés globalement à gauche mais relativement peu stables.
6e circonscription (Marseille IX)
Une circonscription peu modifiée, puisqu'elle reprend le tracé du IXe arrondissement, sa périphérie étant quelque peu remodelée. Après une tentative d'enracinement local de Bernard Tapie en 1989, elle reste solidement tenue par la droite. Son tracé passe par les principales places fortes UMP, au Sud de la ville. Notamment deux cantons votant à droite depuis 1958, Sainte-Marguerite et Mazargues. Seul le troisième, la Capelette, s'avère plus favorable à la gauche. Mais, même en cas du retrait du sortant UMP Guy Teissier, la gauche a peu de chances de prendre ce siège.
7e circonscription (Marseille XV, XVI)
Encore une circonscription complètement éclatée sur plusieurs tracés antérieurs. Incorporant les XV et XVIe arrondissement, ainsi qu'une partie du XIVe, elle reprend des quartiers des anciennes 4e et 7e. Cependant, sa géopolitique s'avère relativement limpide, puisqu'il s'agit de deux fiefs de gauche avec de nombreux quartiers Nord. Sur les sept cantons, seul un penche relativement à droite, Cinq-Avenues, cependant représenté par le PS depuis 1998. Tous les autres n'ont jamais voté à droite depuis 1958. Ce nouveau siège pourrait servir de point de chute à une pointure socialiste, comme Patrick Mennucci ou Jean-Noël Guérini.
8e circonscription (Salon-de-Provence)
Une nouvelle circonscription qui reprend la partie ouest de l'ancienne 11e (cantons de Salon et Pélissanne), et le Nord de l'ancienne 12e (Berre-l'Etang). Ces deux sièges sont à droite, respectivement depuis 1988 et 2002. Mais, au plan strictement géopolitique, le secteur penche globalement à gauche. Le canton de Pélissanne revient au PS depuis sa création en 1992, et ceux de Berre et Salon ont été le plus souvent représentés par la gauche depuis 1958. Comme bien souvent dans les Bouches-du-Rhône, les élections de 2012 se joueront ici au moins autant sur les personnalités que sur les équilibres électoraux. La géographie voudrait en effet que le député UMP sortant de la 11e, Christian Kert, se présente. Fort d'un bon enracinement dans la ville de Salon, où s'affrontent régulièrement la gauche et le centre-droit, il garde de bonnes chances de victoire. Face à lui, la gauche compte sur une certaine usure (il est élu depuis 1988). Plusieurs candidats socialistes peuvent se déclarer: Michel Tonon, maire de Salon depuis 2002 qui est parvenu à conserver la ville en 2008, Jean-Pierre Maggi, conseiller général de Pélissanne, ou Serge Andréoni, maire de Berre-l'Etang.
9e circonscription (Aubagne, La Ciotat)
Cette circonscription reste inchangée.
10e circonscription (Gardanne)
Les contours de la 10e circonscription sont peu modifiés. Seul le canton des Pennes-Mirabeau est écarté, ce qui atténue le penchant à gauche de l'ancienne circonscription de Bernard Tapie, représentée depuis 2002 par l'UMP Richard Mallié. La géopolitique des trois cantons restants, même s'ils penchent à gauche, surtout Roquevaire qui n'est jamais passé à droite depuis 1958, devrait assez peu peser, puisque ce secteur, autrefois minier et très populaire, est en pleine expansion démographique. Les mutations sociologiques en cours devrait donc plutôt profiter à Richard Mallié, au détriment du maire communiste de Gardanne Roger Mei, député entre 1999 et 2002. Le PS, de son côté, pourrait investir le maire d'Allauch Roland Povinelli.
11e circonscription (Aix-Ouest)
La 11e circonscription échange sa partie ouest, formée des cantons de Salon et de Pélissanne, contre le canton des Pennes-Mirabeau, tout aussi à gauche mais moins peuplé que cet ensemble. Les ciseaux d'Alain Marleix ont quelque peu rééquilibré le tout à droite en ajoutant quelques quartiers compris dans le canton d'Aix - Nord-Est. Le seul problème pour l'UMP sera de désigner un candidat, puisque Christian Kert et Maryse Joissans devraient se présenter dans les circonscriptions voisines. Le PS, lui, devrait mettre en avant le maire des Pennes Michel Amiel.
12e circonscription (Marignane)
Cette circonscription, qui a fait trembler les Etats-Majors politiques locaux à la fin du siècle dernier, est amputée du canton de Berre-l'Etang. Un handicap pour une gauche qui a perdu ce siège en 2002, après le reflux d'une extrême-droite autrefois florissante. Même si tous les cantons, à l'exception de celui de Marignane, penchent tous à gauche, la droite a récupéré une bonne partie des suffrages frontistes et mégrétistes. Débarrassé d'un éventuel rival, en la personne du maire divers gauche de Berre Serge Andréoni, le député-maire UMP de Sausset-les-Pins Eric Diard devrait retrouver son siège sans problème. Face à lui, le conseiller général PS de Châteauneuf-Côte-Bleue Vincent Burroni, député entre 1998 et 2002, sera moins favorisé par ce nouveau découpage.
13e circonscription (Martigues)
Alain Marleix aura sans doute permis au PCF de sauver son dernier siège dans les Bouches-du-Rhône. Géographiquement, cela se traduit par un décalage vers le Sud de cette circonscription, qui abandonne le canton d'Istre-Nord au profit de Port-Saint-Louis-du-Rhône. De quoi incontestablement renforcer le député communiste sortant Michel Vaxes, bien implanté dans le secteur de Fos-sur-Mer, qui avait battu en 1997 un sortant UDF ancré lui à Istres. Même si Port-Saint-Louis est moins peuplé qu'Istres-Nord, ce canton reste bien plus stable politiquement, avec des conseillers communistes depuis 1967, sauf pendant un interrègne divers droite entre 1992 et 2004. En attendant l'éventuelle émergence d'une personnalité de droite dans cette circonscription, le PS pourrait investir René Raimondi, maire de Fos.
14e circonscription (Aix-Est)
L'amputation de quelques quartiers d'Aix, au profit de la nouvelle 11e, ne devrait pas remettre en question les équilibres locaux. Ils reposent sur deux cantons aixois penchant plutôt à droite, le canton de Trets, ancien fief indépendant élisant des socialistes depuis 1973, et le canton de Peyrolles-en-Provence, représenté en son temps par Louis Philibert, ancien président socialiste du conseil général. La démographie est donc clairement défavorable à la gauche, qui n'a jamais pu faire élire ici de député depuis 1988. Cependant, l'évolution politique à Aix d'ici à 2012 sera intéressante à suivre. Si la députée-maire UMP Maryse Joissans devrait certainement se représenter, elle devrait retrouver sur sa route son opposant municipal Alexandre Medvedowsky (PS), qui a obtenu un score honorable lors de la municipale partielle de 2009.
15e circonscription (Châteaurenard)
Le tracé de cette circonscription est très légèrement modifié, avec le départ des trois communes du canton de Pélissanne (Aurons, la Barben et le chef-lieu). C'est la seule, hors Marseille, à ne compter aucun canton solidement ancré à gauche. Elle est détenue depuis 2007 par Bernard Reynès, maire UMP de la plus grande ville Châteaurenard, qui a succédé au gaulliste Léon Vachet. La droite devrait donc garder ce secteur sans problème, le PS pouvant investir le maire de Saint-Rémy-de-Provence Hervé Chérubini, ou laisser l'un de ses alliés monter au front.
16e circonscription (Arles)
Détenue depuis 2007 par le président PS du conseil régional Michel Vauzelle, cette circonscription a tendance a zapper au gré des vagues roses ou bleues. Les départs de la ville de Miramas, gros réservoir de voix socialistes, et du canton communiste de Port-Saint-Louis-du-Rhône, et l'arrivée du canton d'Istres-Nord, considéré comme moins stable pour la gauche, pourrait permettre à la droite de faire la différence. Les résultats des régionales de 2010 sont très attendus par les Etats-Majors locaux, alors que Michel Vauzelle a annoncé qu'il ne se représenterait pas. Le PS devra se chercher un nouveau champion, alors que l'UMP pourrait soit investir le maire des Saintes-Maries-de-la-Mer Roland Chassain, député de 2002 à 2007, soit envoyer le nouveau maire de Tarascon Charles Fabre. Une situation qui pourrait permettre au maire communiste d'Arles, Hervé Schiavetti, de tirer son épingle du jeu dans ce secteur représenté par le PCF entre 1973 et 1986. Sans compter le maire divers gauche d'Istres, François Bernardini, qui pourrait être tenté de brouiller les cartes. Bref, l'élection de 2012 pourrait s'avérer ici très ouverte.
A quoi faut-il s'attendre...
Avec depuis 2007 12 sièges sur 16, l'UMP et son allié Nouveau Centre dominent largement le département. Ce redécoupage s'est effectué dans une certaine concertation, la gauche n'a pas protesté et même considéré qu'elle n'avait pas été "volée". Il semble qu'Alain Marleix ait agi ici avec une certaine prudence, le redécoupage cantonal d'avant les élections de 2004 ayant été assez peu profitable à la droite. Mécaniquement, la droite devrait perdre un siège à Marseille, le PS maintenant ses deux circonscriptions sur sept, contre huit actuellement. L'UMP pourrait rattraper cette perte dans la circonscription d'Arles.
Emmanuel SAINT-BONNET