dimanche 14 mars 2010

La guerre des collectivités locales vient de débuter

En appelant à la poursuite de la réforme des collectivités locales, dimanche soir dans sa première allocution après le premier tour des élections régionales, le Premier ministre François Fillon vient de déclencher une guerre qui pourrait déboucher sur une véritable jacquerie des élus locaux.
Le message gouvernemental est clair: les régions, et surtout "leurs dirigeants", sont fragilisés par la forte abstention constatée ce soir-là. Il faut donc réformer, reventiler les compétences, fusionner sans le dire départements et régions en remplaçant conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux aux contours mal définis. Et surtout, arme fatale et ultime, changer le mode de scrutin.
Notons au passage que le résultat de ce premier tour pourrait refroidir les partisans les plus zélés, dans les rangs de l'UMP, d'un scrutin majoritaire à un tour. Désormais, la droite de gouvernement n'a plus seulement un soucis de réserve au second tour, mais maintenant un véritable problème de leadership.
En persistant dans cette réforme qui cabrera de nombreux élus ruraux déjà inquiets face à la raréfaction des services publics, le gouvernement s'engage dans un affrontement dont la violence risque de s'amplifier d'ici à la présidentielle de 2012.
Il reste deux élections intermédiaires avant cette date.
Lors des cantonales de 2011, l'UMP risque de perdre de nouveaux départements au profit d'une gauche qui n'aura jamais bénéficié d'un maillage territorial aussi fort. Le parti de la majorité pourrait aussi faire face à une fronde de certains présidents de conseil général de droite, exaspérés par les retards des dotations d'Etat dans un contexte de désengagement sur de nombreux dossiers.
Cette fronde, si elle se déclenche, déboucherait alors sur une multiplication des listes dissidentes de droite lors des sénatoriales qui suivront en septembre. Et pourrait précipiter le basculement à gauche du Sénat, que prédisent d'ores et déjà certains analystes.
Nicolas Sarkozy, qui vient de voir son socle électoral se fissurer, aborderait alors sa réélection en position de faiblesse, dans un pays divisé.
Emmanuel SAINT-BONNET

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