lundi 15 mars 2010

L'UMP n'est plus à l'Ouest

L'adhésion ou non à la politique du président Nicolas Sarkozy a largement sous-tendus les votes, lors de ce premier tour des élections régionales, dimanche.
Force est de constater que le fameux socle électoral, dont se réclame le chef de l'Etat à chaque consultation intermédiaire, est sorti pour le moins ébréché de ce scrutin.
Dimanche, l'UMP a obtenu 5 066 826 voix. C'est un peu mieux que les 4 799 908 des Européennes de 2009, mais on est bien loin des 11 448 663 attirés par le candidat Sarkozy au premier tour de la présidentielle de 2007.
Abstention ou fuite vers le Front national? Sur le papier, ce n'est pas évident. Avec 2 223 760 bulletins, le parti de Jean-Marie Le Pen est loin des 3 834 530 obtenus par son chef en 2007.
Mais au plan géopolitique, le transfert apparaît plus clairement. En témoigne la carte des régions où le FN pourra se maintenir au second tour. Pas une seule du flanc est n'y échappe.
C'est cette même partie de la France qui avait permis à Jean-Marie Le Pen de se hisser au second tour de la présidentielle en 2002, et c'est une partie de ce capital électoral qu'avait siphonné Nicolas Sarkozy en 2007.
Cet électorat, notamment dans les bassins industriels en déclin, reste très instable. En témoigne la correction observée dans certaines circonscriptions populaires du flanc est (4e du Doubs, 2e de la Loire, 7e de la Meurthe-et-Moselle...) lors du second tour des législatives de 2007, après la bourde d'entre-deux-tours de Jean-Louis Borloo sur la TVA sociale.
Dimanche, l'UMP a vu filer encore un peu plus de cet électorat, reparti voter pour le FN, lorsqu'il ne s'est pas abstenu.
En difficulté avec le FN dans l'Est de la France, l'UMP n'est pas au mieux de sa forme dans l'Ouest. Si les bons résultats du PS ne sont pas une surprise dans les vieilles terres radicales-socialistes que sont l'Aquitaine, Midi-Pyrénées et dans une moindre mesure Poitou-Charentes, s'ils ne le sont plus en Bretagne, région qui a viré de bord au cours de la précédente décennie, ils étaient en revanche moins attendus en Pays-de-la-Loire (34,36 % en tête) et en Basse-Normandie (32,55 %, en tête mais cette fois en liste commune avec le Front de gauche), deux régions considérées comme gagnables par la majorité.
Surtout, l'avance socialiste y est bien plus nette qu'en 2004. Lors de ce précédent scrutin, la gauche avait créé la surprise en Pays-de-Loire en gagnant le second tour avec bien moins de réserves que la droite. En Basse-Normandie, arrivée seconde au premier tour, elle avait pu s'imposer dans une triangulaire avec le FN.
Si l'essai du PS devait être transformé dans l'Ouest au second tour, cela ne changera rien pour la majorité présidentielle sur le papier, mais sa géographie électorale en sortira un peu plus affaiblie.
Nicolas Sarkozy devra alors trouver d'autres ressorts pour s'imposer, s'il se représente en 2012, après des cantonales et des sénatoriales, en 2011, qui s'annoncent d'ores et déjà difficiles pour sa majorité, avec en toile de fond une réforme des collectivités locales qui risque fort de se heurter à une violente contestation.
Emmanuel SAINT-BONNET

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