jeudi 27 mai 2010

Le redécoupage Marleix en Isère

C'est dans le nord du département, très péri-urbanisé et soumis à l'influence électorale de l'agglomération lyonnaise, qu'est créé un dixième siège.
1ere circonscription (Grenoble I, II, IV)
Cette circonscription reste inchangée.
2e circonscription (Echirolles)
Cette circonscription reste inchangée.
3e circonscription (Grenoble III, V, VI)
Cette circonscription reste inchangée.
4e circonscription (Vif)
Cette circonscription reste inchangée.
5e circonscription (Saint-Egrève)
Cette circonscription reste inchangée.
6e circonscription (Bourgoin-Jallieu Nord)
Le redécoupage enlève ici les cantons péri-urbains de La Tour-du-Pin et de Pont-de-Beauvoisin, à gauche respectivement depuis 2008 et 2001. Ne restent que des cantons penchant plutôt à droite depuis 1958 (en bleu clair sur la carte). Sur ces quatre-là, seul celui de Bourgoin-Jallieu Nord, ancien fief du gaulliste Paul de Belval, est passé au PS en 2008. Les deux seuls espoirs du PS seraient que le député UMP sortant, Alain Moyne-Bressand, en place depuis 1986, ne se représente pas, et/ou que le FN parvienne à provoquer une triangulaire dans ce secteur où il demeure assez présent. Benoît de Belval pourrait prétendre à l'investiture UMP. A gauche, le seul conseiller général PS de la circonscription, Bernard Cottaz, pourrait lui disputer ce siège.
7e circonscription (Roussillon)
Les ciseaux d'Alain Marleix ont ôté les cantons formant le sud de l'agglomération berjallienne et la ville nouvelle, et ajouté Beaurepaire et le sud de celui de Roussillon. Cette circonscription perd donc sa partie urbaine du nord, dominée par la gauche mais avec le gros réservoir de droite de la ville de Villefontaine, au profit du canton de Beaurepaire, qui a toujours voté socialiste sous la Ve République, et d'une bonne partie de l'agglomération ouvrière de Roussillon, où la gauche reste très influente. Au milieu subsistent des cantons globalement à droite, dont La Côte-Saint-André et Roybon, qui ont toujours soutenu cette sensibilité depuis 1958. Le cas de Saint-Jean-de-Bournay est un peu différent. S'il penche globalement à gauche sur cette dernière période (en orange sur la carte), il est détenu depuis 1985 par l'actuel député UMP Georges Colombier. Il est fort possible qu'il ne se représente pas en 2012. La compétition pourrait alors opposer Yannick Neuder, maire UMP de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, et Didier Rambaud, vice-président PS du conseil général, implanté au Grand-Lemps, et surtout s'avérer très ouverte.
8e circonscription (Vienne)
L'ancien bastion de Louis Mermaz est amputé de sa partie sud, avec le départ de Beaurepaire et de la partie la plus peuplée du canton de Roussillon vers la nouvelle 7e. Autrefois dominante, la gauche est ici clairement défavorisée. Face à Vienne-Sud et au canton péri-urbain d'Heyrieux, Vienne-Nord est la seul canton de la circonscription a n'avoir jamais voté à droite sous la Ve République (en rouge sur la carte). Le député UMP sortant Jacque Remiller n'a pas trop de souci à se faire. A moins que le conseiller général de Vienne-Sud Patrick Curtaud lui succède, face au PS qui pourrait investir Erwann Binet, son homologue de Vienne-Nord.
9e circonscription (Voiron)
Cette circonscription reste inchangée.
10e circonscription (Bourgoin-Jallieu Sud)
Ce nouveau siège chevauche les trois anciennes circonscriptions du nord du département. Il est majoritairement urbain et suit le tracé de l'autoroute Lyon-Chambéry, ce qui pourrait lui conférer une sociologie électorale mouvante, au gré de la pression foncière. Sur le papier, gauche et droite semblent partir avec les mêmes chances. La première domine globalement depuis 1958 les cantons de L'Isle-d'Abeau et de La Verpillière, la seconde ceux de Pont-de-Beauvoisin et de La Tour-du-Pin. Au milieu, Bourgoin-Jallieu Sud est indécis depuis sa création en 1985: d'abord divers droite puis PS depuis 1998. Cependant, le PS et ses alliés ont conquis tous ces cantons entre 1994 et 2008. Les socialistes pourraient envoyer Alain Cottalorda, maire de Bourgoin-Jallieu, à moins qu'ils soutiennent Serge Revel, conseiller général écologiste de Pont-de-Beauvoisin. A droite, l'ouverture pourrait aussi être de mise, avec notamment Raymond Feyssaguet, le maire sans étiquette de Villefontaine, seule ville du secteur à échapper à la gauche, ou Andrée Rabilloud pour le Nouveau Centre.
A quoi faut-il s'attendre...
Dans un Nord-Isère totalement verrouillé par la droite depuis 2002, le redécoupage renforcera incontestablement cette dernière dans les 6e et 8e circonscription, mais la fragilisera peut-être dans la 7e. Surtout, le jeu pourrait être très ouvert dans la nouvelle 10e.
Emmanuel SAINT-BONNET

dimanche 23 mai 2010

Le redécoupage Marleix en Indre-et-Loire

Ce département, qui ne figurait pas au départ sur le tableau du redécoupage, voit se deux premières circonscriptions légèrement remodelées. Une révision du projet initial après l'avis de la commission constitutionnelle, pour motifs démographiques.
1ere circonscription (Tours)
Les sept cantons de Tours sont réunis, après l'arrivée de Tours Nord-Est en provenance de la 2e circonscription. Bien que penchant plutôt à droite depuis 1958 (en bleu clair sur la carte), ce canton est détenu par le PS depuis 2004. Ce qui devrait a priori renforcer le député socialiste sortant Jean-Patrick Gille. L'UMP, de son côté, pourrait investir à nouveau l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, afin qu'il tente de récupérer ce siège détenu entre 1997 et 2004.
2e circonscription (Amboise)
L'ancien fief de Bernard Debré se ruralise légèrement en perdant Tours Nord-Est. Mis à part le canton péri-urbain de Montlouis-sur-Loire, où gauche et droite arrivent à parité en nombre de mandats depuis sa création en 1985, les autres sont classés plutôt à droite depuis 1958. Cependant, ils ont tous basculé à gauche entre 2001 et 2008, sauf Château-Renault. Ce qui n'a pas empêché l'UMP d'être élue régulièrement ici depuis 2002. Titulaire du siège depuis 2007, Claude Greff part avec de sérieuses chances en 2012. Le PS pourrait investir face à elle Isabelle Gaudron, implantée à Amboise.
3e circonscription (Montbazon)
Cette circonscription reste inchangée.
4e circonscription (Joué-lès-Tours)
Cette circonscription reste inchangée.
5e circonscription (Saint-Cyr-sur-Loire)
Cette circonscription reste inchangée.
A quoi faut-il s'attendre...
Ce petit redécoupage ne devrait pas provoquer de séisme. Au contraire, la tendance pourrait être au renforcement des sensibilités actuelles dans les deux premières circonscriptions.
Emmanuel SAINT-BONNET

dimanche 16 mai 2010

Les Verts peuvent-ils arriver en deuxième position dans la 4e de l'Isère?

Le départ de Didier Migaud à la Cour des Comptes provoquera, le 30 mai, dans la 4e circonscription de l'Isère, une partielle dont l'issue ne semble pas si évidente.
En investissant Marie-Noëlle Battistel, maire de La Salle-en-Beaumont, suppléante de M. Migaud, en ticket avec Michel Baffert, qui a succédé à ce dernier à la mairie de Seyssins, le PS joue la sécurité.
Taillée dans le sud de l'Isère, cette circonscription, qui ne figure pas sur le tableau du redécoupage Marleix, est davantage "migaudienne" que socialiste.
En 1995, si elle votait majoritairement pour Lionel Jospin au second tour de la présidentielle (51,81 %), c'était avec 28 835 voix et 19,94 % d'abstention. Alors qu'aux législatives de 1997, Didier Migaud obtenait au second tour 29 630 bulletins avec une participation de 67,88 %. Il était alors en Isère le seul député de gauche, dans une circonscription ayant voté à gauche à la présidentielle, à gagner en voix. Contrairement à Michel Destot (moins 2416 suffrages dans la 3e), François Brottes (moins 2708 dans la 5e) et surtout Gilbert Biessy (moins 6249 dans la 2e), il est vrai seul en lice après le premier tour.
Un phénomène qui s'est accru en 2007. Lors du second tour des législatives Didier Migaud l'emportait très largement avec 62,76 % des exprimés, alors que la circonscription s'était montrée légèrement sarkozyenne, quelques semaines auparavant, lors du second tour de la présidentielle, avec 50,70 % des exprimés au second tour en faveur de l'actuel locataire de l'Elysée.
La majorité espère sans doute capitaliser ce résultat, lors de cette partielle, ce qu'elle n'avait pu faire pour les législatives. Véritable miraculé du suffrage universel lors de la vague bleue de 1993, lors de laquelle il est parvenu à vaincre le puissant maire RPR de L'Alpe-d'Huez Jean-Guy Cupillard, Didier Migaud a depuis bien élargi son assise.
A cet égard, la désignation du ticket Battistel-Baffert peut donc être interprétée comme une volonté du PS de "blinder" ce siège (tout comme on pourrait émettre l'hypothèse que ces deux proches collaborateurs du sortant seront là pour "garder la boutique" en attendant son retour de la Cour des Comptes).
Mais contre qui?
Une première réponse réside dans un examen des forces en présence. Il convient de les mesurer en voix, pour faire ressortir le potentiel de mobilisation de chacune, et en pourcentage des inscrits, afin de prendre en compte les effets de seuil (12,5 % pour un maintien au second tour).
Face à Marie-Noëlle Battistel se présenteront Fabrice Marchiol (UMP), Anne Parlange (EE-Verts), Laurent Jadeau (FG-PCF), Mireille d'Ornano (FN) et Arnaud Walther (AL-PLD).
Lors des législatives de 2007, le PS avait obtenu au premier tour 23 751 voix (27,80 % des inscrits), la droite classique (UMP+MPF) 17 093 (20,01 %), les écologistes toutes tendances confondues 2748 (3,22 %), les actuels courants du Front de gauche avec l'extrême-gauche (LCR+PCF+LO) 2386 (2,79 %), et l'extrême-droite (FN+MNR) 1972 (2,31 %). Le centre (MoDem) pesait de son côté 3041 voix, soit 3,56 % des inscrits.
Le dernier scrutin ayant opposé des listes sur tout le territoire de la circonscription, lors desquels Didier Migaud était absent, furent les régionales de mars 2010.
On y retrouvait à peu près les mêmes forces qu'à cette partielle: une liste PS, une liste UMP-NC-MPF-CPNT, une liste Europe-Ecologie, une liste Front de gauche, une liste FN, et une liste Spartacus qu'on pourrait rapprocher de la candidature Walther, plus le MoDem, LO et le NPA.
La gauche classique réunissait cette fois au premier tour 11 057 voix (12,79 % des inscrits), la droite parlementaire 8728 (10,10 %), les écologistes 7103 (8,39 %), le Front de gauche et l'extrême-gauche 4412 (5,11 %), l'extrême-droite 4291 (4,97 %), et les socio-professionnels protestataires d'Opération Spartacus 619 (0,72 %). Sans oublier le MoDem, qui était à 1156 bulletins soit 1,34 % des inscrits.
Entre ces deux scrutins, aux enjeux certes différents (39,66 % d'abstention en 2007, 50,73 en 2010), gauche et droite classiques ont rencontré chacune des difficultés.
La première a vu fuir une partie de ses électeurs vers les écologistes, et le Front de gauche et l'extrême-gauche. Si le PS perd 12 694 suffrages, les deux autres blocs en gagnent respectivement 4355 et 2026.
Les supporters de Didier Migaud semblent être restés pour moitié fidèles au PS, un quart choisissant d'autres forces de gauche, le dernier quart se réfugiant dans l'abstention.
La majorité, de son côté, subit elle aussi une déperdition de la moitié de ses votants: 8365 de moins entre 2007 et 2010. Une grande part s'est abstenue massivement, les autres, sans doute une partie de ceux "siphonnés" par Nicolas Sarkozy à la présidentielle, et qui ont choisi de le soutenir en votant UMP aux législatives, sont revenus dans le giron du FN, puisque celui-ci enregistre un gain de 2319 bulletins (en comptant les voix MNR de 2007). La présence de la liste Spartacus a peut-être empêché certains déçus du sarkozysme de s'abstenir.
A noter aussi la dégringolade de 1885 voix du MoDem.
Alors que peut-il se passer dimanche 30 mai? En mars, Europe-Ecologie se trouvait à un peu plus de 1600 voix derrière l'UMP. Nul doute que les écologistes, l'opposant de longue date à l'autoroute A 51 Gérard Leras en tête, tablent sur une seconde place qui éliminerait purement et simplement la droite classique du second tour... afin de mieux récupérer une partie de ses suffrages pour battre le PS au second, à l'instar de ce qui s'était passé à Grenoble lors des cantonales de 2004. Ils comptent surtout sur une réédition, à fronts renversés, du séisme du 27 septembre 2009, dans la 10e circonscription des Yvelines, lorsque leur candidate manqua de cinq voix de souffler le siège de Christine Boutin à son suppléant.
Les rares victoires vertes aux législatives se sont souvent produites sur des dossiers contestés d'aménagement du territoire, comme en Eure-et-Loir en 1997 (troisième aéroport parisien) ou en Loire-Atlantique en 2007 (nouvel aéroport de Nantes). L'autoroute A 51 ayant beaucoup de plomb dans l'aile, et la rocade nord de Grenoble se trouvant trop loin de cette circonscription, le Verts ne pourront compter que sur l'élan de leurs excellents résultats aux dernières régionales pour tenter de dépasser la droite. L'absence de candidat MoDem pourrait cependant leur profiter.
S'ils approchent ou égalent ce résultat de 7103 voix, leur score sera de toute façon historique, le dernier record du total des voix écologistes à une législative dans cette circonscription ayant été obtenu en 1993 avec 5807 votants.
L'hypothèse d'une triangulaire semble en revanche très mince, au vu des pourcentages d'inscrits donnés plus haut, l'abstention, toujours très forte lors des partielles, promettant d'être au moins égale à celle de mars dernier. Il est même possible qu'aucun candidat n'atteigne les 12,5 % requis.
Même sans Didier Migaud, le PS, qui détient de nombreux leviers de commande de la circonscription (cinq cantons sur dix avec les apparentés, les villes du Pont-de-Claix et de Seyssins), devrait arriver en tête. Même s'il ne récupère que très peu de suffrages par rapport aux régionales, il devrait tout de même lui aussi profiter de la disparition du MoDem, et surtout du soutien inattendu du candidat UMP de 2007, le villepiniste Yann Casavecchia, qui comptait un temps se présenter en dissident (Grenews du 5 mai). Ce dernier scénario aurait d'ailleurs, pour le coup, accru les chances des Verts d'être présents au second tour.
Pour finir sur le PS, notons que ses 11 057 voix de mars dernier sont à rapprocher du plus mauvais score de Didier Migaud à un premier tour: 11 888 suffrages en 1993. Ce qui ne l'avait pas empêché de l'emporter au second tour. Mais, sans lui, le PS aura tout de même intérêt à s'éloigner de cet étiage.
Le second tour, si elle y accède, ce sera le vrai problème de l'UMP, comme lors de tous les scrutins depuis la présidentielle de 2007. La situation économique actuelle va rendre plus difficiles les reports du FN, et la candidature Walther ne devrait pas mobiliser plus de quelques centaines de voix.
Avec Fabrice Marchiol, la majorité a investi le jeune maire, estimé et respecté, de La Mure, commune ouvrière votant à droite depuis l'ère Carignon. Il a cependant l'inconvénient d'avoir été tenu en échec lors des cantonales. Son suppléant, Roger Pellat-Finet, tient lui solidement le canton péri-urbain de Monestier-de-Clermont. Il est l'ancien président de la chambre de commerce et d'industrie de Grenoble, une structure soutenant le projet de rocade nord grenobloise. Au conseil général, il siège dans le groupe charnière des non-inscrits, composé d'élus de droite votant certains dossiers de la majorité de gauche.
Assez présente sur le terrain lors de cette campagne, la droite parlementaire espère ainsi ratisser large avec cet attelage. Reste à savoir quel impact aura dans les urnes la dissidence Casavecchia, même si elle ne se traduit pas par une candidature.
Dans cette circonscription, son plafond est de 16 913 voix, en 2002, mais en comptant la candidature dissidente UDF et le résultat de CPNT. En 1993, Jean-Guy Cupillard avait atteint 16 266 suffrages.
Si l'on devait partir sur un pronostic, nous dirions:
Battistel (PS) 12 000 - 15 000 voix
Marchiol (UMP) 8000 - 11 000 voix
Parlange (EE) 4000 - 8000 voix
d'Ornano (FN) 3000 - 5000 voix
Jadeau (FG) 2000 - 4000 voix
Walther (AL-PLD) 300 - 500 voix.
Emmanuel SAINT-BONNET